A Lausanne, trois sympathisants de l’asile lancent un appel pour le respect des libertés d’expression, d’affichage et de manifestation. Un article de Sophie Simon dans 24 Heures.
Trois amendes, deux recours. Des militants du milieu de l’asile et de la migration se disent victimes de dénonciations arbitraires.
Septembre 2008, une affiche appelant à une manifestation pacifique est collée sur les murs de Lausanne. Une plainte est déposée contre Graziella de Coulon, coprésidente de Solidarités Sans Frontières, une des nombreuses associations qui organisaient la manif. Elle nie avoir collé cette affiche ou en avoir donné l’ordre, mais elle est condamnée à une amende de 340 francs. La commission de police estime que la responsabilité d’enlever les affiches lui revenait. «Un climat de répression s’installe, commente-t-elle. Mais j’ai décidé de ne pas aller au tribunal pour ne pas perdre encore plus d’énergie et d’argent.» Le municipal Olivier Français, auteur de la plainte, paraît blasé: «Ce sont toujours les mêmes, de toute façon. On continuera à protéger le domaine public des agressions de tout type.»
Autre cas en décembre 2008. Jean-Michel Dolivo et Nanda Ingrosso sont accusés d’organisation de manifestation non autorisée sur la voie publique, lors d’une action de soutien aux sans-papiers zurichois via l’occupation de l’église Saint-Laurent, au centre-ville de Lausanne.
«Délit de faciès»
Tous deux nient et reçoivent chacun une amende de 210 francs. «Nous n’avons pas organisé cette manifestation, se défend Jean-Michel Dolivo. Nous sommes sympathisants du mouvement, c’est tout. Il n’y a eu aucun contrôle direct de la police, le rapport a été fait sur la base d’un délit de faciès. A travers nous, ce sont les mouvements qui sont visés dans leurs activités.» «C’est étonnant de la part d’une Municipalité de gauche», s’inquiète, de son côté, Nanda Ingrosso.
Jean-Philippe Pittet, porte-parole de la police lausannoise, relativise ces accusations: «Le terme de délit de faciès s’applique plutôt quand des policiers contrôlent des personnes de couleur. Dans ce cas, il s’agit simplement de personnes connues dans le milieu. La manifestation de décembre n’a pas fait l’objet d’autorisation, il est difficile de contrôler tous les noms. La distribution de tracts a été constatée par mon collègue sur place. Il y a tout un appareil administratif qui leur permet de recourir.» Le municipal Marc Vuilleumier juge, quant à lui, les paroles des trois militants «totalement excessives. Ils parlent d’une pluie d’amendes alors qu’il y en a trois.»
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