vendredi 6 novembre 2009

Les minarets et les peurs qu’ils cachent

Les conseillers nationaux Oskar Freysinger (UDC/VS) et Martine Brunschwig Graf (PLR/GE) se sont affrontés sur l’initiative contre les minarets lors d’un débat organisé mercredi soir à Genève par la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA).
D’un côté, la crainte de voir se développer sous le couvert de la tolérance religieuse des pratiques incompatibles avec les conceptions juridiques et sociales qui sous-tendent les démocraties occidentales. De l’autre, la confiance dans la capacité de l’Etat de droit à accueillir des pratiques religieuses en leur fixant des limites claires lors qu’elles sortent du cadre admissible. Les conseillers nationaux Oskar Freysinger (UDC/VS) et Martine Brunschwig Graf (PLR/GE) se sont affrontés sur l’initiative contre les minarets lors d’un débat organisé mercredi soir à Genève par la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) et animé par Sylvie Arsever, responsable de la rubrique «dossiers» à la rédaction du Temps.

«Une tête de pont»

Aux yeux d’Oskar Freysinger, l’initiative doit être acceptée pour tenter d’enrayer un vaste mouvement qui affecte d’ailleurs l’Europe tout entière, et dont l’édification constitue, pour reprendre ses termes militaires, «une tête de pont». En substance, l’islam, pour l’UDC valaisan, n’a pas entrepris encore les ajustements nécessaires à sa coexistence harmonieuse dans un Etat de droit moderne, démocratique et laïc. Ses dogmes et ses règles ont pour les fidèles une portée juridiquement obligatoire, soutient-il, incompatible avec la séparation instaurée par les démocraties entre la loi étatique et les commandements religieux.

La peur de l’islam

Mais quel rapport avec le minaret, s’est interrogée Martine Brunschwig Graf? Le cœur du débat n’est pas le minaret, mais la peur qu’inspire l’islam aux partisans de l’initiative, qui, prédit-elle, n’auront pas moins peur demain si le texte est accepté le 29 novembre. Il faut faire confiance à l’Etat de droit et à ses institutions pour apporter des réponses adéquates aux problèmes au fur et à mesure qu’ils se posent. Et la Genevoise de faire allusion aux décisions qu’elle a elle-même dû prendre quand elle était au Conseil d’Etat, en obligeant une enseignante de l’école publique obligatoire à retirer son foulard devant sa classe – contrainte jugée légitime par la Cour européenne des droits de l’homme –, et en se séparant d’un autre enseignant, Hani Ramadan.


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