jeudi 17 septembre 2009

Besson veut vider la «jungle» de Calais

Le ministre annonce une mesure policière dans les prochains jours visant à chasser les sans-papiers. Les associations dénoncent l'absence d'alternative, Villepin un «effet d'annonce».


Des migrants sont photographiés à Calais le 23 avril 2009.

Des migrants sont photographiés à Calais le 23 avril 2009. (© AFP Philippe Huguen)

Le ministre de l'Immigration, Eric Besson, a annoncé mercredi soir à TF1 la fermeture imminente, «avant la fin de la semaine prochaine» de la zone proche du port de Calais où se trouvent des centaines de sans-papiers.

Interrogé sur le sort des migrants, venant pour la plupart de pays déchirés par des conflits meurtriers comme l'Afghanistan ou l'Irak, après la fermeture de cette zone, Eric Besson a assuré qu'une «solution individuelle» serait proposée à chacun, les choix proposés étant le «retour volontaire», la demande d'asile ou l'expulsion.

«Si la situation en Afghanistan ne le permet pas, il n'y aura pas de retour forcé» dans ce pays, a-t-il toutefois affirmé.

Dans un communiqué, le ministère de l'Immigration met en avant des «comptes-rendus» faisant selon lui «apparaître une remontée très forte de la délinquance dans le Calaisis, après plusieurs années d’accalmie due à la fermeture du centre de Sangatte en 2002».

«Depuis deux ans, les filières clandestines ont reconstitué une nouvelle plaque tournante du trafic d’êtres humains, à proximité directe du port de Calais», affirment les services de Besson, parlant d’une «zone de non droit».

«L'outil de travail des filières clandestines»

Le ministère assure que «depuis six mois, un squat ou campement est fermé chaque semaine» et que «30 filières clandestines ont été démantelées» tandis que dans le cadre d'une«aide humanitaire aux migrants les plus fragiles» 170 demandes d'asile ont été enregistrées depuis le 1er janvier, «avec délivrance d’un titre de séjour provisoire et d’un hébergement».

Selon la même source, 180 ont accepté une proposition de«retour volontaire» depuis le 1er janvier et «au total, il y avait environ 700 personnes dans ce village clandestin il y a trois mois, il en reste aujourd’hui environ 300».

«Ce démantèlement de la jungle, ce n’est pas la fin de la lutte contre les filières clandestines à Calais», commente le ministre.«C’est une étape importante, parce que nous allons casser le principal outil de travail des filières clandestines dans la région. Mais d’autres opérations suivront, partout où les réseaux clandestins chercheront à se réinstaller.»

Le ministre avait annoncé en avril que la «jungle» serait démantelée «avant la fin de l'année», suscitant l'inquiétude des associations d'aide aux migrants sur les conditions de cette opération.

«Effet d'annonce»

«Il est ridicule, comme ça été fait jusqu'à présent (...) de démanteler un squat sans alternative», a déclaré mercredi soir l'abbé Jean-Pierre Boutoille, du collectif d'associations humanitaires C-Sur.

«Sortis de la jungle, les Afghans partiront à 100 ou 200 mètres de là. Depuis la fermeture de Sangatte, les squats sont régulièrement vidés et fermés, ça ne change strictement rien», a-t-il réagi, estimant qu'il fallait au contraire prendre le temps d'informer les migrants sur leurs droits.

Pour France terre d'asile, si «la dignité des personnes est incompatible avec le maintien de terrains vagues comme lieu d'hébergement», la fermeture de la jungle «n’a de sens qui si, parallèlement, les personnes qui ont un besoin de protection peuvent y accéder, autrement dit, si l’accès à la procédure d’asile est possible».

Ce jeudi matin, Dominique de Villepin a dénoncé un «effet d'annonce»: «On ne peut pas espérer mettre fin à ces situations, à la fois si douloureuses sur le plan humanitaire, et si inacceptables, sans avoir une véritable politique, un véritable accompagnement qui rendent ce type de mesures efficaces», a dit l'ancien Premier ministre.

(Source AFP)


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