jeudi 25 juin 2009

L’illusion sécuritaire

Pour les nationalistes, les lois sur l’asile et sur les étrangers ne seront jamais assez sévères ni assez punitives

Pour les nationalistes, les lois sur l’asile et sur les étrangers ne seront jamais assez sévères ni assez punitives. Depuis vingt ans, l’UDC prend rituellement pour cible les requérants d’asile et, plus largement, les étrangers. Ce pilonnage a lourdement conditionné la politique suisse. Certes, aucune des initiatives lancées par l’UDC n’a trouvé de majorité populaire. En revanche, la pression ainsi exercée a contaminé le gouvernement et le parlement, qui ont donné plusieurs tours de vis aux lois existantes. Ce durcissement constant des conditions d’accueil et des procédures finit par paraître raisonnable par contraste avec les projets extrêmes de l’UDC. Il rassure une opinion publique méfiante et sensible aux abus réels ou supposés commis par une minorité des étrangers.

Pourtant, sur le terrain de l’immigration non désirée, peu de choses ont changé. Les tours de vis successifs sont vécus par les administrations comme l’expression d’une impuissance à maîtriser un problème complexe qui ne se résume pas à l’enjeu des abus.

Il n’en ira pas différemment avec les nouveaux projets visant le renvoi des «étrangers criminels». Quelques faits divers choquants ont amené l’UDC à sortir l’artillerie lourde, bien que l’expulsion des étrangers délinquants soit déjà possible et pratiquée. Il est juste que la règle du renvoi s’applique très diversement sur le territoire helvétique, fédéralisme oblige. Le gouvernement s’engouffre dans la brèche. Il propose un tour de vis et demi là où l’UDC en réclame deux. Son contre-projet reprend largement les mesures préconisées par l’UDC, tout en veillant à dresser deux ou trois garde-fous. Scénario classique.

Les étrangers sont avertis: le respect de l’Etat de droit est une condition pour vivre en Suisse; aucun écart grave ne sera pardonné. Bien, mais quid du service après-vente? La majorité des renvois souhaités seront impraticables, comme c’est déjà le cas aujourd’hui. On s’agite beaucoup pour faire croire que le pays deviendra plus sûr, mais la réalité se chargera de calmer les esprits.

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