jeudi 25 juin 2009

Le tour de vis du Conseil fédéral


(DR)

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La presse helvétique commente la réponse du gouvernement à l’initiative de l’UDC sur le renvoi des délinquants étrangers

Pour le gouvernement, les étrangers qui commettent un délit grave passible d’une peine d’un an de prison au moins doivent être renvoyés. «Le Conseil fédéral a en effet décidé de durcir le ton», explique 24 Heures. «On se rappelle qu’une initiative des démocrates du centre demandant leur expulsion automatique avait recueilli 210’000 signatures. Le gouvernement avait alors proposé un contre-projet prévoyant le renvoi des étrangers condamnés à plus de deux ans de prison. La procédure de consultation a [donc] révélé une véritable volonté de serrer la vis.»

Ce que le quotidien vaudois interprète ainsi: «La pression de l’UDC a marché. Du moins pour l’instant.» Et de constater que «le message est très clair: le gouvernement agit» et «essaie de couper l’herbe sous les pieds de l’UDC». Mais sur le terrain? «Les exécutions de renvois s’avèrent […] très compliquées et les cantons, chargés de cette mission, en savent quelque chose.» 24 Heures énumère les obstacles dans son éditorial: la nécessité de connaître la nationalité, le comportement du pays d’origine, les accords de réadmission, le prix des vols spéciaux de rapatriement, pour en conclure qu’«au final, le gouvernement peut bien hausser le ton. Dans de nombreux cas, sa voix ne portera pas bien loin.»

Pourtant, «cela ne suffit pas au parti agrarien», écrit Le Nouvelliste. Même si, «conscient de l’écho que suscite cette discussion au sein de l’opinion publique, [le Conseil fédéral] a […] durci son projet initial». Si Eveline Widmer-Schlumpf dit que la solution «est un catalogue de fait, puisque toutes les infractions entraînant plus d’un an de prison figurent dans le Code pénal, les autorités conserveront cependant une marge d’appréciation», relève le quotidien valaisan. Et c’est précisément là que le bât blesse: pour l’UDC, ce contre-projet est «un exercice alibi qui ne changera guère la pratique actuelle».

Le Conseil fédéral veut «dribbler l’UDC», titre pour sa part Le Courrier. Le quotidien de gauche genevois résume: «Pour un an de prison, ce sera l’exil». Samedi dernier, il écrivait déjà, en élargissant le propos au droit d’asile et à la vision que la Confédération a de la problématique des étrangers en Suisse, qu’en janvier 2009, «un an jour pour jour après l’entrée en vigueur du énième durcissement de la loi sur l’asile, la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf communiquait son intention de donner un tour de vis supplémentaire. L’objectif était clairement énoncé: il s’agit de «diminuer l’attractivité» du pays, point final. Cette révision en préparation n’aura bien entendu aucune incidence sur les flux migratoires en direction de notre pays. Ses effets devraient en revanche pénaliser des catégories de réfugiés qui auraient le plus besoin d’une protection, selon les spécialistes. Comme les réformes précédentes, elle ne fera donc que grossir les rangs des recalés de l’asile, ces laissés-pour-compte contraints de survivre avec, au mieux, quelques francs par jour dans l’un des Etats les plus opulents de la planète.»

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