Martine Clerc | 28.03.2009 | 00:00
Si Fahad K. était renvoyé en Irak, via la Suède, sa vie serait en danger, soutiennent ses défenseurs. Et pour cause: hier le quotidien 20 minutes indiquait que l’Irakien avait été employé comme interprète par l’entreprise américaine Titan Corp. (aujourd’hui rachetée par L-3). Cette compagnie fournissait des traducteurs à l’armée américaine, notamment pour la prison d’Abou Ghraib où certains d’entre eux ont été accusés de torture. Denise Graf, coordinatrice réfugiés chez Amnesty International Suisse, dénonce tout amalgame.
Fahad K. a-t-il été mêlé à des actes de torture à Abou Ghraib?
Ces insinuations sont aberrantes. Fahad K. ne nous a jamais dit qu’il a travaillé dans cette prison. De plus, selon les recherches de notre secrétariat de Londres, les tortures à Abou Ghraib étaient fréquentes en 2003-2004, jusqu’à leur dénonciation. Fahad K, lui, a commencé comme interprète début 2005. Son dossier et son témoignage sont hautement crédibles.
Quelles étaient ses missions?
Il travaillait sur les barrages routiers, lors d’interrogatoires. Il était attaché à une base militaire à l’aéroport de Bagdad. Pour des questions de sécurité, il travaillait toujours sous un surnom, qui changeait régulièrement.
A-t-il assisté en tant qu’interprète à des actes de torture?
Il n’en a jamais parlé. Et assister, sans y participer, à des tortures n’est pas un critère pour lui refuser l’asile, étant donné que sa vie est en danger en Irak.
Que risquent ces interprètes?
Les anciens employés de L-3-Titan Corp. courent de gros risques. Selon un rapport de l’ONG CorpWatch, 280 d’entre eux ont été tués ces dernières années, dont deux tiers en raison de leurs activités pour l’armée américaine. Fahad K. a reçu des menaces de mort de milices islamistes, c’est pour cette raison qu’il a fui son pays.
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