mardi 6 janvier 2009

Vaud fait face de justesse à la hausse des demandes d'asile

Jusqu’ici, il n’a pas fallu recourir aux abris de protection civile. Mais ils représentent bientôt la seule réserve. Un article de Laurent Busslinger dans 24 Heures.
Porte-parole de l’Etablisse­ment vaudois d’accueil des migrants (EVAM), Emmanuelle Marendaz Colle se refuse à parler de «crise de l’asile»: «Mais il est clair que la situation est tendue, et qu’au­jourd’hui chaque place compte.» Si le canton n’est pas dans «l’urgence absolue» décrite à Berne par le conseiller d’Etat Hans-Jürg Käser (24 heures d’hier), il subit lui aussi l’afflux des requêtes. En décembre, il a reçu 200 nouveaux requérants (voir graphique), un record sans équivalent depuis le pic de l’asile de la fin des années 90. Durant l’année 2008, l’EVAM a ainsi enregistré 1115 nouvelles person­nes, alors que le dispositif d’ac­cueil tablait sur 636 arrivées. C’est que sur le plan suisse, les demandes d’asile ont augmenté de 45% en un an, passant de 11 000 en 2007 à 16 000 en 2008. C’est certes encore très loin des chiffres de 1998 et 1999 où le conflit yougoslave avait fait bon­dir les requêtes à 44 000 et même 48 000. Mais on s’était habitué depuis 2005 à une moyenne de quelque 10 000 ar­rivants par an, et les héberge­ments avaient été redimension­nés en conséquence.
Imprévoyance récusée

  N’aurait-il pas fallu se mon­trer plus prudents? «Nous de­vons nous adapter en perma­nence, qu’il s’agisse de centres d’hébergements ou d’apparte­ments, nous ne pouvons garder des structures vides, ce ne serait pas justifiable», répond la porte­-parole de l’EVAM. Pour Emma­nuelle Marendaz Colle, «il est faux de prétendre que la Confé­dération a forcé les cantons à fermer des centres, c’est une évolution qui a suivi celle des demandes».
Reste qu’aujourd’hui, l’heure n’est plus à la résiliation de baux, mais à leur signature, tous azimuts. Depuis juillet, l’EVAM a loué 37 nouveaux appartements, représentant près de 200 places supplémentaires. Pour la plu­part, elles ont été trouvées en dehors de l’arc lémanique. Les huit centres que gère l’EVAM sont aussi occupés au maximum de leur capacité, et une cinquan­taine de personnes sont logées dans des hôtels.

 déficit prévisible des places d'hébergement
Recours aux abris PCi?

  Mais ces efforts sont en passe de ne plus suffire. Si l’afflux, provenant principalement de Somalie, d’Erythrée et du Sri Lanka ne diminue pas, l’EVAM s’attend à un déficit de quelque 200 places d’ici à fin avril. A la hausse des arrivées s’ajoute une diminution des départs qui tra­duit l’essoufflement des possibi­lités de régularisation, large­ment utilisées par le canton au début de 2008. Alors que la recherche d’un nouveau centre à La Côte n’a toujours pas abouti, les abris de PCi sont le seul recours qui se profile. «Aucune décision d’ouverture n’a encore été prise, mais cela risque d’être rapidement le cas», prévoit Em­manuelle Marendaz Colle. Deux abris ont d’ores et déjà été présé­lectionnés, mais ni leur capacité ni leur localisation ne sont préci­sées. Avec la reprise des attribu­tions aux cantons (suspendue du 24 décembre au 4 janvier), ils pourraient être très vite mis à contribution.

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