Jusqu’ici, il n’a pas fallu recourir aux abris de protection civile. Mais ils représentent bientôt la seule réserve. Un article de Laurent Busslinger dans 24 Heures.
Porte-parole de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), Emmanuelle Marendaz Colle se refuse à parler de «crise de l’asile»: «Mais il est clair que la situation est tendue, et qu’aujourd’hui chaque place compte.» Si le canton n’est pas dans «l’urgence absolue» décrite à Berne par le conseiller d’Etat Hans-Jürg Käser (24 heures d’hier), il subit lui aussi l’afflux des requêtes. En décembre, il a reçu 200 nouveaux requérants (voir graphique), un record sans équivalent depuis le pic de l’asile de la fin des années 90. Durant l’année 2008, l’EVAM a ainsi enregistré 1115 nouvelles personnes, alors que le dispositif d’accueil tablait sur 636 arrivées. C’est que sur le plan suisse, les demandes d’asile ont augmenté de 45% en un an, passant de 11 000 en 2007 à 16 000 en 2008. C’est certes encore très loin des chiffres de 1998 et 1999 où le conflit yougoslave avait fait bondir les requêtes à 44 000 et même 48 000. Mais on s’était habitué depuis 2005 à une moyenne de quelque 10 000 arrivants par an, et les hébergements avaient été redimensionnés en conséquence.
Imprévoyance récusée
N’aurait-il pas fallu se montrer plus prudents? «Nous devons nous adapter en permanence, qu’il s’agisse de centres d’hébergements ou d’appartements, nous ne pouvons garder des structures vides, ce ne serait pas justifiable», répond la porte-parole de l’EVAM. Pour Emmanuelle Marendaz Colle, «il est faux de prétendre que la Confédération a forcé les cantons à fermer des centres, c’est une évolution qui a suivi celle des demandes».
Reste qu’aujourd’hui, l’heure n’est plus à la résiliation de baux, mais à leur signature, tous azimuts. Depuis juillet, l’EVAM a loué 37 nouveaux appartements, représentant près de 200 places supplémentaires. Pour la plupart, elles ont été trouvées en dehors de l’arc lémanique. Les huit centres que gère l’EVAM sont aussi occupés au maximum de leur capacité, et une cinquantaine de personnes sont logées dans des hôtels.
Recours aux abris PCi?
Mais ces efforts sont en passe de ne plus suffire. Si l’afflux, provenant principalement de Somalie, d’Erythrée et du Sri Lanka ne diminue pas, l’EVAM s’attend à un déficit de quelque 200 places d’ici à fin avril. A la hausse des arrivées s’ajoute une diminution des départs qui traduit l’essoufflement des possibilités de régularisation, largement utilisées par le canton au début de 2008. Alors que la recherche d’un nouveau centre à La Côte n’a toujours pas abouti, les abris de PCi sont le seul recours qui se profile. «Aucune décision d’ouverture n’a encore été prise, mais cela risque d’être rapidement le cas», prévoit Emmanuelle Marendaz Colle. Deux abris ont d’ores et déjà été présélectionnés, mais ni leur capacité ni leur localisation ne sont précisées. Avec la reprise des attributions aux cantons (suspendue du 24 décembre au 4 janvier), ils pourraient être très vite mis à contribution.
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