lundi 5 janvier 2009

Les cantons dépassés par les demandes d'asile

Les cantons sont dépassés par l’augmentation des demandes d’asile. La Confédération mise sur une politique plus restrictive et la collaboration européenne. Un article de Romain Clivaz dans 24 Heures.

Les demandes d'asile sont passées de 11000 à 16000 entre 2007 et 2008. Dans le même temps, les capacités d'accueil des cantons ont diminué, sur conseil de la Confédération, qui souhaite un nouveau tour de vis législatif. Absente de l’actualité en 2008, la politique d’asile fera son grand retour en 2009. Alors que, l’an dernier, le nombre des demandes d’asile a pris l’ascenseur, les cantons tirent la sonnette d’alarme. Sur conseil de la Confédération, ils ont en effet diminué leurs capacités d’accueil. Résultat: ils sont main­tenant dépassés. Pour surmonter ces difficultés, la conseillère fédé­rale Eveline Widmer-Schlumpf (PBD) compte sur un nouveau tour de vis législatif, et attend beaucoup de la base de données européenne EURODAC.
  «Nous sommes dans une si­tuation d’urgence absolue.» C’est ainsi que le conseiller d’Etat ber­nois Hans-Jürg Käser (PRD) dé­crit, dans le journal dominical Sonntag, la problématique de l’accueil des requérants d’asile. La situation s’est encore dégra­dée en fin d’année 2008. Lucerne, Argovie ou encore Schaffhouse ont les mêmes problèmes. Les cantons romands sont aussi sou­mis à cette pression, la réparti­tion des requérants étant propor­tionnelle au nombre d’habitants. Bruno Zanga, chef de l’Office can­tonal des étrangers de Saint-Gall, ne décolère pas et reproche à la Berne fédérale d’avoir «encou­ragé » ces baisses de capacité de prise en charge (base de calcul: 10 000 requérants par année).
De 11 à 16 000 demandes

  Du côté de la Confédération, après avoir alloué des moyens supplémentaires aux cantons pour ce type d’hébergements, on joue l’apaisement: «Je com­prends ces frustrations, concède Eduard Gnesa, directeur de l’Of­fice fédéral des migrations (ODM), mais je suis confiant pour la suite. Nous avons déjà fait face à des situations plus urgentes et nous collaborons étroitement avec les cantons.» Pourtant, ces augmentations n’ont rien de marginal. De quel­que 11 000 demandes d’asile en 2007, on devrait passer à environ 16 000 en 2008, selon l’ODM. Ces derniers mois, ce sont avant tout des ressortissants de la Corne de l’Afrique (Erythrée, So­malie), d’Irak, du Nigeria ou en­core du Sri Lanka qui sont venus en Suisse, précise Eduard Gnesa.
EURODAC à la rescousse

  A l’avenir, Berne mise surtout sur une «optimisation» des pro­cédures d’asile. Pour ce faire, elle compte sur deux leviers: l’utilisa­tion d’une base de données euro­péenne, et un tour de vis législa­tif. Le premier peut être actionné depuis décembre dernier. En vertu de la Convention de Du­blin, notre pays a accès à l’EURODAC, qui recueille les em­preintes digitales des deman­deurs d’asile et des immigrés clandestins. Lorsqu’une per­sonne a déjà déposé une de­mande dans un autre pays signa­taire, la Suisse peut normale­ment l’y reconduire. Est clairement visé ici ce que les Anglo-Saxons appellent le «shop­ping » de l’asile. «Après la pre­mière semaine d’utilisation, nous avons obtenu plus de 50% de résultats positifs», se réjouit Eduard Gnesa.
  Le deuxième levier sera pro­chainement actionné par Eveline Widmer-Schlumpf. Ses services confirment qu’elle présentera, dans le courant du mois de jan­vier, une «révision de la loi sur l’asile». En clair: révision rimera avec restriction.

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