Les cantons sont dépassés par l’augmentation des demandes d’asile. La Confédération mise sur une politique plus restrictive et la collaboration européenne. Un article de Romain Clivaz dans 24 Heures.
Absente de l’actualité en 2008, la politique d’asile fera son grand retour en 2009. Alors que, l’an dernier, le nombre des demandes d’asile a pris l’ascenseur, les cantons tirent la sonnette d’alarme. Sur conseil de la Confédération, ils ont en effet diminué leurs capacités d’accueil. Résultat: ils sont maintenant dépassés. Pour surmonter ces difficultés, la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf (PBD) compte sur un nouveau tour de vis législatif, et attend beaucoup de la base de données européenne EURODAC.
«Nous sommes dans une situation d’urgence absolue.» C’est ainsi que le conseiller d’Etat bernois Hans-Jürg Käser (PRD) décrit, dans le journal dominical Sonntag, la problématique de l’accueil des requérants d’asile. La situation s’est encore dégradée en fin d’année 2008. Lucerne, Argovie ou encore Schaffhouse ont les mêmes problèmes. Les cantons romands sont aussi soumis à cette pression, la répartition des requérants étant proportionnelle au nombre d’habitants. Bruno Zanga, chef de l’Office cantonal des étrangers de Saint-Gall, ne décolère pas et reproche à la Berne fédérale d’avoir «encouragé » ces baisses de capacité de prise en charge (base de calcul: 10 000 requérants par année).
De 11 à 16 000 demandes
Du côté de la Confédération, après avoir alloué des moyens supplémentaires aux cantons pour ce type d’hébergements, on joue l’apaisement: «Je comprends ces frustrations, concède Eduard Gnesa, directeur de l’Office fédéral des migrations (ODM), mais je suis confiant pour la suite. Nous avons déjà fait face à des situations plus urgentes et nous collaborons étroitement avec les cantons.» Pourtant, ces augmentations n’ont rien de marginal. De quelque 11 000 demandes d’asile en 2007, on devrait passer à environ 16 000 en 2008, selon l’ODM. Ces derniers mois, ce sont avant tout des ressortissants de la Corne de l’Afrique (Erythrée, Somalie), d’Irak, du Nigeria ou encore du Sri Lanka qui sont venus en Suisse, précise Eduard Gnesa.
EURODAC à la rescousse
A l’avenir, Berne mise surtout sur une «optimisation» des procédures d’asile. Pour ce faire, elle compte sur deux leviers: l’utilisation d’une base de données européenne, et un tour de vis législatif. Le premier peut être actionné depuis décembre dernier. En vertu de la Convention de Dublin, notre pays a accès à l’EURODAC, qui recueille les empreintes digitales des demandeurs d’asile et des immigrés clandestins. Lorsqu’une personne a déjà déposé une demande dans un autre pays signataire, la Suisse peut normalement l’y reconduire. Est clairement visé ici ce que les Anglo-Saxons appellent le «shopping » de l’asile. «Après la première semaine d’utilisation, nous avons obtenu plus de 50% de résultats positifs», se réjouit Eduard Gnesa.
Le deuxième levier sera prochainement actionné par Eveline Widmer-Schlumpf. Ses services confirment qu’elle présentera, dans le courant du mois de janvier, une «révision de la loi sur l’asile». En clair: révision rimera avec restriction.
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