lundi 5 janvier 2009

Un vrai asile de nuit ou des logements d’urgence?

Lu dans 24 heures
© GEORGES MEYRAT - A | Seule unité d’accueil à Nyon, ces trois lits – réservés aujourd’hui aux femmes – sont placés sous la responsabilité du Major Verena Keller.

MADELEINE SCHÜRCH | 05.01.2009 | 00:03

Le projet mijote depuis des mois mais peine à se concrétiser. L’idée de créer dans le district de Nyon un sleep-in, autrement dit une structure d’accueil de nuit d’urgence, a été lancée conjointement par l’Association sociale œcuménique de La Côte (ASOLAC) et l’Armée du Salut après un premier forum social organisé en septembre 2007. Les églises et des intervenants avaient alors constaté qu’il manquait dans la région de quoi prendre en charge des sans-abri ou des personnes en situation momentanée de détresse.

Le chef-lieu compte bien trois lits de secours, géré par l’Armée du Salut dans sa petite église de la rue Gaudin, mais ce modeste asile, ouvert à la demande, n’accueille que des femmes en difficulté financière ou psychologique, faute de place pour pouvoir séparer les sexes. La plupart y séjournent parfois des mois. A l’Esp’Asse, le Point Virgule, géré par Caritas, dispose d’une structure d’accueil, mais seulement de jour.

Cas rares, mais…

Certes, on ne voit pas, dans les rues nyonnaises ou glandoises, une population fixe de SDF, à l’exception des mendiants roumains importés à la journée de leur squat genevois. «Tout au plus quelques fêtards désargentés que l’on retrouve parfois dans une entrée d’immeuble. Les contrôles de papier ne révèlent que rarement des cas de sans-abri, et ces derniers se règlent en appelant famille et amis», constate Christian Gilgen, adjoint au chef de la police municipale.

Pour Paul Zimmermann, président d’ASOLAC, il y a pourtant, même dans ce district si opulent d’apparence, un réel besoin pour loger temporairement des personnes sans abri, des jeunes en difficulté ou présentant des troubles du comportement liés à des addictions, des ménages endettés qui se retrouvent sans logement ou des femmes victimes de violence conjugale.

Une étude pour identifier les besoins a été commandée en 2007 à une personne neutre. Celle-ci a envoyé des questionnaires aux paroisses du district, aux polices, aux hôpitaux. En retour, si les personnes sans domicile fixe ne représentent que 24% des quelques individus en conflit ou tombés dans la marginalité, aucune structure n’est là pour les prendre en charge. La plupart des cas sont dirigés vers la Marmotte de Lausanne, le Sleep-in de Renens, l’Armée du Salut à Genève ou vers des centres spécialisés, comme Malley-Prairie pour les femmes battues, le Relais ou même les campings de la région en période estivale.

Appartements d’urgence

L’ASOLAC et l’Armée du Salut pourraient gérer une passade de 10 à 15 lits. Mais il manque pour l’instant des locaux pour lancer un projet qui ne convainc pas tout le monde. Au sein du réseau social, en effet, on doute de la nécessité de créer un asile de nuit. «Ce qui manque surtout, ce sont des appartements d’urgence pour accueillir femmes et enfants en rupture, ou des jeunes éjectés de chez eux. Des logements qu’on peine à trouver dans cette région qui connaît une pénurie et des prix élevés», explique Pierre-Alain Chollet, directeur du Centre social régional de Nyon-Rolle. C’est dans le chef-lieu, où se trouvent 40% des gens soutenus par le filet social, qu’il faudrait en trouver en priorité. Une piste pourrait être le bâtiment de Bel-Automne, qui abrite des appartements pour des retraités à revenu modeste, si la ville réalise de nouveaux appartements protégés .



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