A Lausanne, une action similaire avait porté ses fruits Laurent Caspary Des requérants avaient occupé l'église de Bellevaux en 2001 durant 125 jours. L'association qui les avait soutenus s'est dissoute récemment. A Zurich, environ 150 sans-papiers ont occupé jusqu'à ce dimanche le Predigerkirche depuis le 19 décembre. Ils voulaient attirer l'attention du public sur leur situation précaire en occupant ainsi un lieu symbolique où l'on imagine mal la police entrer en force. La méthode est connue et a fait ses preuves, dans le canton de Vaud notamment. A Lausanne, sympathisants, militants et anciens requérants d'asile se sont d'ailleurs récemment réunis dans l'église de Bellevaux, théâtre d'une «occupation» de 125 jours en 2001 qui a donné une visibilité importante à un mouvement tout en marquant profondément la politique vaudoise plusieurs années durant. Mais cette réunion était en réalité une ultime fête. Celle de la dissolution de l'association En quatre ans on prend racine, sur le constat d'une victoire importante: la régularisation de l'immense majorité des requérants concernés par l'occupation. En se dissolvant, les membres d'En quatre ans on prend racine ont ainsi tourné une page de l'histoire politique et sociale du canton du Vaud. L'association a joué sans le savoir alors le rôle de détonateur qui allait déboucher sur plusieurs années de crise dans les relations entre Berne et le Conseil d'Etat à travers ce qui était petit à petit et de facto devenu «l'exception vaudoise». «Sans En quatre ans on prend racine, il n'y aurait pas eu le mouvement dit des «523» (nombre de requérants déboutés en 2004 suite à la tentative du socialiste Pierre Chiffelle de régler la situation, ndlr), c'était une continuité qui a permis de donner naissance au mouvement de soutien aux sans-papiers», dit Yves Sancey, un des piliers de l'association désormais dissoute. «Notre force, c'était d'avoir l'émotion. Nous avons mis des visages sur les dossiers des requérants, notamment grâce à une très forte médiatisation de l'occupation de l'église de Bellevaux.» Constat partagé par celui qui était de l'autre côté de la barrière. Henri Rothen, chef du Service de la population (SPOP) a traversé avec ses collaborateurs toutes ces années de crise en endossant bien malgré lui le costume du fonctionnaire qui refuse les dossiers. «Ils ont gagné une partie de la guerre de la communication, c'est sûr, dit-il aujourd'hui. C'était des périodes difficiles car avec des arguments émotionnels ils ont eu une partie de l'opinion publique de leur côté, même si leurs slogans étaient parfois simplistes et leurs arguments pas toujours corrects. De notre côté, on ne jouait pas sur le même terrain; nous étions les garants de l'Etat de droit et devions rester très institutionnels dans notre communication. Nous avons été traités de tous les noms alors qu'au final, nous sommes tout de même le canton de Suisse qui a obtenu le plus de régularisations.» En se dissolvant, En quatre ans on prend racine donne-t-elle le signal que la question de l'asile est désormais pacifiée? Bien au contraire, rétorque Yves Sancey. La lutte continue via la Coordination asile-migration qui tente de «décloisonner» le monde des requérants d'asile et celui des sans-papiers. «Ces gens subissent les mêmes violences d'Etat.» |
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