Strasbourg dénonce une politique «discriminatoire». Attention: racisme! La suspicion infamante s’est abattue hier sur le gouvernement italien. Un article de Dominique Dunglas pour 24 Heures.
Le parlement européen a en effet adopté une résolution exhortant Rome à ne pas procéder au relèvement systématique des empreintes des enfants roms, «car cela constitue un acte de discrimination fondé sur la race et l’origine ethnique». La polémique suit la décision du ministre de l’Intérieur Roberto Maroni de faire un recensement de tous les individus résidant dans les camps de nomades. En absence de documents d’identité fiables, les autorités prévoient de recourir à la prise des empreintes digitales, y compris pour les enfants.
Les préfets se rebellent
Indignation donc. En Italie, d’abord, où, outre l’opposition de la gauche, plusieurs préfets ont refusé de participer au recensement. L’Eglise aussi a condamné la mesure. Même Gianni Alemanno, le nouveau maire de Rome qui a fait campagne sur la lutte contre l’insécurité et les clandestins, a manifesté sa «perplexité ». En Europe ensuite. Jacques Barrot, commissaire européen à la justice, a demandé à plusieurs reprises des éclaircissements au gouvernement italien. Et le parlement de Strasbourg a condamné l’initiative de Rome. Mais les autorités italiennes rejettent point par point les accusations. Le recensement ne concerne pas uniquement les Roms, mais tous les individus qui résident dans des camps de nomades. Il n’y aurait donc pas de discrimination ethnique. Et il ne s’agit pas d’un fichage systématique des enfants; la mesure ne sera adoptée que lorsqu’il est impossible d’établir l’identité.
Ficher pour protéger?
Enfin, le recensement est destiné à protéger les enfants. Une fois identifiés et munis de documents en règle, ils recevront une assistance médicale et seront scolarisés. Ils seront retirés des familles qui les exploitent en les faisant mendier ou se prostituer.
Alors, fausse polémique? La question est complexe, car même la gauche reconnaît que les Roms posent en Italie un problème d’ordre public. Mais le gouvernement Berlusconi veut fermer les 1000 camps irréguliers de nomades qui existent dans la Péninsule. Le recensement n’est donc que la première étape d’un rapatriement forcé des extracommunautaires qui ne sont pas en règle, donc la majorité des Roms. En outre, le gouvernement n’a pas financé ni mis en place les infrastructures censées accueillir et scolariser ces enfants. «Cela viendra après le recensement», promet le ministre. L’opinion publique attend de le voir pour le croire.
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