vendredi 11 juillet 2008

L'Europe juge raciste le fichage des enfants roms

enfant code barreStrasbourg  dénonce une politique «discriminatoire». Attention: racisme! La suspicion infamante s’est abattue hier sur le gouvernement italien. Un article de Dominique Dunglas pour 24 Heures.

Le parle­ment européen a en effet adopté une résolution exhortant Rome à ne pas procéder au relèvement systématique des empreintes des enfants roms, «car cela constitue un acte de discrimination fondé sur la race et l’origine ethnique». La polémique suit la décision du ministre de l’Intérieur Roberto Maroni de faire un recensement de tous les individus résidant dans les camps de nomades. En absence de documents d’identité fiables, les autorités prévoient de recourir à la prise des empreintes digitales, y compris pour les en­fants.
Les préfets se rebellent

Indignation donc. En Italie, d’abord, où, outre l’opposition de la gauche, plusieurs préfets ont refusé de participer au recense­ment. L’Eglise aussi a condamné la mesure. Même Gianni Ale­manno, le nouveau maire de Rome qui a fait campagne sur la lutte contre l’insécurité et les clandestins, a manifesté sa «per­plexité ». En Europe ensuite. Jacques Barrot, commissaire européen à la justice, a demandé à plusieurs reprises des éclaircissements au gouvernement italien. Et le parle­ment de Strasbourg a condamné l’initiative de Rome. Mais les autorités italiennes rejettent point par point les accusations. Le recensement ne concerne pas uniquement les Roms, mais tous les individus qui résident dans des camps de nomades. Il n’y aurait donc pas de discrimination ethnique. Et il ne s’agit pas d’un fichage systématique des enfants; la mesure ne sera adoptée que lorsqu’il est impossible d’établir l’identité.
Ficher pour protéger?

Enfin, le recensement est des­tiné à protéger les enfants. Une fois identifiés et munis de docu­ments en règle, ils recevront une assistance médicale et seront sco­larisés. Ils seront retirés des fa­milles qui les exploitent en les faisant mendier ou se prostituer.
Alors, fausse polémique? La question est complexe, car même la gauche reconnaît que les Roms posent en Italie un problème d’ordre public. Mais le gouverne­ment Berlusconi veut fermer les 1000 camps irréguliers de noma­des qui existent dans la Pénin­sule. Le recensement n’est donc que la première étape d’un rapa­triement forcé des extracommu­nautaires qui ne sont pas en règle, donc la majorité des Roms. En outre, le gouvernement n’a pas financé ni mis en place les infrastructures censées accueillir et scolariser ces enfants. «Cela viendra après le recensement», promet le ministre. L’opinion pu­blique attend de le voir pour le croire.

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