Asile: l'Hospice général accusé d'intimidations
Publié par Tribune de Genève (http://www.tdg.ch)
HOSPICE GÉNÉRAL | Œuvres d'entraide et associations de défense des locataires dénoncent le traitement des réfugiés statutaires. L'Hospice reconnaît des maladresses.
MARC GUÉNIAT
L'étau se resserre autour de l'Hospice général. Quatre associations se sont unies hier devant la presse pour dénoncer «les pressions exercées sur les réfugiés statutaires pour libérer foyers et appartements». Tour à tour, Caritas, le Centre social protestant (CSP), l'Asloca et le ont fustigé «les intimidations» venues de l'institution chargée de mettre en œuvre la politique sociale du canton. La crise provient de l'augmentation du nombre de requérants arrivés en Suisse, et donc à Genève, depuis le début de l'année (nos éditions du 12 novembre). Une thèse contestée par Dominique Froidevaux, du CSP, qui rappelle que le canton a accueilli quatre fois plus de requérants en 1999 que cette année.
Toutefois, entre-temps, la Confédération, prévoyant l'entrée en vigueur de la Lex Blocher, plus restrictive, a sommé l'Hospice général de vendre 350 logements «excédentaires» dédiés à l'asile. Débordée par ces arrivées, l'institution essaie de libérer de la place afin de loger les nouveaux arrivants. Pour cela, elle prie les permis B, qui ne devraient théoriquement plus être logés par l'Hospice, de quitter leur logement et d'en chercher un sur le marché libre ou subventionné. Mais la pénurie ne facilite évidemment pas les recherches de ces quelque 1000 personnes.
«Absence d'anticipation»
«Dès le mois d'août, l'Hospice était averti de cet afflux, mais il n'a rien fait. L'absence d'anticipation est patente», déplore Dominique Froidevaux. Carole-Anne Kast, du RPSL, regrette quant à elle «la schizophrénie de l'Etat», qui ne comprend pas «que si l'Aide aux requérants d'asile (ARA) abandonne les permis B, c'est l'aide sociale qui risque de devoir les assumer.» Sur le plan légal, les mises en évacuation et augmentations drastiques des loyers sont jugées pour le moins contestables par l'Asloca, représentée par François Zutter. Il en va de même s'agissant des «transferts d'un foyer à l'autre, qui n'augmentent en rien la capacité d'accueil. Placer des gens aux Tattes ne vise qu'à les dégoûter, tant la situation sanitaire y est préoccupante», poursuit Carole-Anne Kast.
Les œuvres d'entraide s'alarment surtout parce que, selon elles, le logement constitue le fondement de toute intégration pour ceux qui ont obtenu le droit de résider en Suisse. Du côté de l'Hospice, le problème est désormais pris au sérieux. On reconnaît des erreurs et même certaines formes de pressions. Un groupe de travail ad hoc, rassemblant associations, gérance municipale et autres acteurs étatiques a été créé. La prochaine réunion aura lieu le 12 janvier, tandis qu'entre-temps les procédures d'évacuation ont été suspendues.
«Nous avons commis des maladresses, mais il faudra bien qu'on s'accorde sur le fond: l'Hospice doit-il continuer à héberger ces personnes? Si oui, combien de temps? Et, en conséquence, accepte-t-on d'ouvrir les abris PC pour les nouveaux arrivants?» s'interroge Balthasar Staehelin, directeur de l'ARA. Près de 150 logements préfabriqués pourraient être construits d'ici à décembre 2009. A ce jour, 113 personnes ont demandé l'asile à Genève rien qu'au mois de décembre. Le canton octroie environ 50 permis B chaque mois.
Source URL (Extrait le 24.12.2008 - 10:03): http://www.tdg.ch/geneve/actu/asile-hospice-general-accuse-intimidations-2008-12-23
LE COURRIER
Climat toujours tendu entre l'Hospice et les associations
Paru le Mercredi 24 Décembre 2008 - Pablo de Roulet
RÉFUGIÉS - Première rencontre du groupe ad hoc sur le logement des réfugiés. Les associations restent méfiantes.
«Nous ne voulons pas être le groupe alibi!» Les mots de Dominique Froidevaux, directeur de Caritas, résument les craintes partagées par le Centre social protestant, l'Asloca et le Rassemblement pour une politique sociale du logement à propos du groupe ad hoc sur le logement des réfugiés et sa première réunion, le 16 décembre.
Il est reproché à l'Hospice de faire pression sur les réfugiés statutaires pour pallier son propre manque d'anticipation face à l'augmentation des demandes d'asile. «Il ne faut pas banaliser ni dramatiser cet 'afflux' de requérants d'asile. Leur nombre était respectivement quatre fois et deux fois plus élevé en 1999 et en 2002», affirme Dominique Froidevaux. Les associations pointent du doigt le manque de coordination entre institutions publiques et estiment qu'il y a d'autres solutions que de loger les requérants dans les abris PC ou forcer les réfugiés statutaires à déménager. Par exemple en montant des bâtiments préfabriqués ou des containers habitables, ou encore en utilisant temporairement la caserne des Vernets et surtout en facilitant l'accès à la Gérance immobilière municipale, qui n'accepte que des candidats payant des impôts depuis deux ans.
Mais la confiance des associations envers l'Hospice semble bien entamée. Tandis que l'institution s'était engagée à suspendre ses démarches d'évacuation, au moins une personne a reçu une lettre lui enjoignant de quitter son logement, le jour même de la réunion du groupe ad hoc. «On n'aurait peut-être pas dû leur faire confiance», estime Carole-Anne Kast, du Rassemblement pour une politique sociale du logement.
Pour l'Hospice, ce courrier est une «erreur». «Nous cherchons à comprendre ce qui s'est passé. J'espère que cette lettre est la seule», explique Baltazar Stahelin, directeur de l'Aide aux requérants d'asile, qui, de son côté, se dit plutôt positif sur la réunion.
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