mercredi 24 décembre 2008

Des clochers aux minarets

Interdire les minarets en Suisse? Avec son initiative populaire, l'UDC impose le sujet à l'agenda des Chambres fédérales, qui en débattront au printemps, ainsi qu'au peuple, qui aura le dernier mot, fin 2009 ou début 2010. 
Mais la question, par sa gravité, par ce qu'elle engage de la relation du pays à lui-même et à l'islam, hante déjà les esprits. C'est pourquoi Le Temps s'est penché sur les conditions dans lesquelles les confessions minoritaires ont obtenu en Suisse non seulement le droit de cité, mais celui à la visibilité dans les villes et les paysages suisses. Cette revendication symbolique fut longue dans certains cas, moins dans d'autres. Très compliquée ici, simple là. 
La première étape dans cette conquête de la tolérance s'est jouée entre chrétiens. Quand les catholiques vaudois ont enfin pu, après trois cents ans de Réforme, édifier leur église, il leur a fallu attendre encore plusieurs décennies avant d'avoir le droit d'en élever le clocher. En sens inverse, il n'a pas été facile aux protestants de dresser leur temple dans une Carouge qui s'était construite comme un contrepoids catholique face à Genève. 
Les progrès de la laïcité, érigée parfois en politique, ont ensuite favorisé la réalisation de monumentales synagogues, par lesquelles une communauté juive profondément enracinée dans la réalité suisse revendique sa pleine présence. 
Ce qui vient ensuite est d'une nature différente, puisqu'il s'est agi d'accueillir dans la cité des mouvements religieux venus d'ailleurs. 
L'islam suscite aujourd'hui des peurs renouvelées, en raison des formes radicales qui lui font escorte et qui tentent d'imposer des valeurs incompatibles avec celles de notre société laïcisée et égalitaire. 
L'histoire est là pour nous montrer que la tolérance a toujours payé: en dissociant la liberté du culte et de ses emblèmes du débat sur la transformation de la société, elle clarifie les choses, réconcilie les esprits de bonne volonté, marginalise les extrémistes et fait grandir la confiance en notre capacité de vivre ensemble. 
Quand Lausanne bannissait les clochers catholiques
La Basilique de Valentin, à Lausanne. Actuellement, le chef-lieu vaudois recense 37% de catholiques et 25% de protestants. (photo: Ville de Lausanne)
VAUD. Chassés par la Réforme en 1536, les catholiques reviennent dans le Pays de Vaud après la révolution française. A Lausanne, ils construisent une église au pied de la Cité. Sans cloches, interdites à l'époque. Un clocher verra le jour dans les années 30.

Marco Danesi
Mercredi 24 décembre 2008


L'avent. Noël. Les prières sourdes bravent la nef indifférente. Des inconnus se prosternent sur le marbre figé. La Vierge Marie piaffe dans un ciel doré. Tout autour, étrangère au silence maçonné de l'église, Lausanne consomme les derniers jours de l'année. Elle assiège la citadelle gris vert montée au cœur du quartier du Valentin: cure, lycée, magasins, salles de paroisse. 

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