lundi 2 juin 2008

"Après 28 ans en Suisse ...

... si je ne suis pas Suisse, alors je ne vois pas qui je suis". Un article de Mariana Barleycorn dans 24 Heures.

«I love Lausanne.» Candidat à la naturalisation suisse, Vicky Ikarlibond, bientôt 32 ans, est soulagé par le résultat du vote.
CHRISTIAN BRUN

Vicky Ikarlibond a déposé sa demande de naturalisation il y a trois mois. Découverte des résultats sur la naturalisation par les urnes en sa compagnie.
«Je suis soulagé!» sont les pre­miers mots lâchés par Vicky Ikarlibond, en découvrant les premières estimations de la vota­tion sur la naturalisation par les urnes. Du rouge, du non partout. «Le fait de demander à des gens de juger des candidats qu’ils n’ont jamais rencontrés ne me paraît pas très juste, poursuit-il, si l’un d’eux chante à Nouvelle Star, on lui dira oui, pour un autre, inconnu, ce sera non?» ironise-t-il.
Plus sérieux, il reprend: «Je pense que dans chaque domaine, il faut des gens compétents. Pour les naturalisations, c’est aux per­sonnes formées de prendre les décisions.» Laborantin de formation, Vicky Ikarlibond, 32 ans en juin, est aussi un DJ à succès. Au­jourd’hui, il est responsable ar­tistique du Loft Club à Lausanne. Depuis son arrivée dans cette ville, à l’âge de 4 ans, cet origi­naire de l’ex-Zaïre (aujourd’hui République démocratique du Congo), est apatride. «Comme réfugié politique, je n’ai pas de nationalité, ce qui complique mes déplacements à l’étranger. Et en tant que Suisse, je pourrai enfin visiter le Congo et voir ma famille là-bas.» C’est également pour cette li­berté de déplacement que Fran­cis Ases, la trentaine, a demandé le passeport suisse. Espagnol d’origine, il est né en Suisse et ne voulait pas perdre ses droits s’il séjournait trop longtemps à l’étranger pour sa profession. Après six ans de procédure, il vient d’obtenir le fameux sésame. «Ma vie est en Suisse et je vou­lais aussi avoir le droit de vote», explique-t-il.
«La Suisse a réussi son melting-pot»

Vicky Ikarlibond évoque égale­ment l’avenir. «Un jour, j’aurai des enfants et je ne veux pas leur transmettre un statut d’apa­tride. » Sa plus grande motiva­tion? «Je suis déjà Suisse, je vis comme un Suisse, j’ai fait toutes mes études ici et seize ans de football au Stade-Lausanne, je suis actif dans le monde lausan­nois. Mais oui, je suis Noir, ça, je le vois tous les jours et j’aime ça, s’amuse-t-il, mais si après vingt­huit ans ici, je ne suis pas Suisse, alors je ne vois pas qui je suis.» Et de conclure, «je crois que la Suisse a réussi son melting-pot, que d’autres nous envient. On est à l’image de notre équipe de foot nationale: Albanais, Turc, Afri­cain… On joue tous pour la Suisse.»

2 commentaires:

Anonyme a dit…

... je suis le seul étonné de lire qu'un réfugié (donc dont les persécutions dans son pays d'origine ont été reconnues par la Suisse) veuille le passeport suisse pour ... pouvoir retourner en vacances dans son pays ?

Anonyme a dit…

je crois bien que oui......