Les résultats du scrutin d'hier sont nets et, pour une fois, conformes aux positions défendues par la gauche et les forces progressistes. Les trois objets fédéraux, dont l'origine est à rechercher dans les marmites des milieux populistes, ont été refusés par deux-tiers des votants. Ouf! La démocratie sort renforcée par cette triple décision populaire. Le Souverain a en effet refusé d'entacher d'arbitraire les procédures de naturalisation, il n'entend pas laisser le pouvoir aux assureurs maladie d'organiser une santé à deux vitesses et permet au gouvernement fédéral d'exprimer son avis lors des futures votations.
Ces choix clairs sur des sujets sensibles constituent une défaite toute particulière pour l'Union démocratique du centre (UDC). Après le bon score réalisé par ce parti aux élections fédérales, il est sain que le peuple freine son élan et lui refuse sans détour de concrétiser sa politique discriminatoire et ultralibérale. L'extrême droite n'est pas en terrain conquis dans ce pays.
Le rejet de l'initiative sur les naturalisations démocratiques est particulièrement emblématique. Le vieux fonds de commerce xénophobe des populistes de tout poil a partout été refusé, sauf à Schwytz. Malgré l'argent investi dans la campagne en sa faveur, ce texte ouvrant la porte aux naturalisations à la tête du client a seulement convaincu le socle électoral de l'UDC. Le droit à une procédure correcte et respectueuse a été plébiscité par 64% des votants.
S'il faut goûter ce plaisir, il ne faut pas se voiler la face. Il y a moins de quatre ans, ces mêmes électeurs refusaient la naturalisation facilitée pour les jeunes étrangers de deuxième génération et même l'acquisition de la nationalité pour ceux de troisième génération. D'ailleurs, l'UDC remettait de l'huile sur le feu hier déjà en prédisant le renforcement des «conséquences négatives des naturalisations en masse d'étrangers mal intégrés, à savoir la criminalité et les abus sociaux». La bataille pour une Suisse ouverte au monde n'est pas encore gagnée.
Même analyse en matière de santé. Le refus de l'article constitutionnel représente également une défaite de l'UDC, puisque l'initiative à la base de ce vote émane de ce parti. Là aussi, le résultat immédiat fait chaud au coeur: 70% des votants ont refusé de soumettre la santé aux seules lois du marché.
Ces citoyens appuient la volonté des cantons d'offrir une politique publique dans le domaine sanitaire qui fasse contrepoids aux caisses maladie privées. Ce faisant, ils ont refusé l'instauration d'une santé à deux vitesses et soutenu ainsi la solidarité financière face à la maladie. Au niveau des soins, la liberté de choix du médecin et des autres prestataires a été plébiscitée et les prestations ne seront pas rationnées, ni en quantité ni en qualité.
Mais la vigilance reste de mise. Le parlement fédéral se penche actuellement sur des révisions partielles de la loi sur l'assurance-maladie. Il devrait prochainement prendre des décisions sur le financement des soins, sur l'obligation des caisses de rembourser ou non tous les médecins et sur la prolongation du moratoire sur l'ouverture des cabinets médicaux. On verra là concrètement ce que les élus auront retenu du vote d'hier.
Il faudra encore croiser le fer sur un autre terrain de prédilection des forces xénophobes: la confirmation de l'accord de libre circulation des personnes en 2009 doit se bâtir dès aujourd'hui sur la défaite infligée hier à l'UDC.
lundi 2 juin 2008
Une triple claque à multiplier
Libellés :
Naturalisation
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire