lundi 26 mai 2008

Vous avez la parole

Les réactions des lecteurs sont toujours nombreuses dans 24 Heures, au sujet des naturalisations par le peuple, en votation le 1er juin prochain. Les dessins sont empruntés à Mix & Remix.

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Une campagne affligeante et fallacieuse
Sans vouloir débattre du bien-fondé de l’initiative sur les naturalisations, je tiens à signifier ici mon indignation sur le contenu du dépliant de l’UDC que j’ai pris la peine de lire attentivement. Quand ce n’est pas les affiches qui scandalisent (bien que l’on y retrouve quatre mains basanées sur cinq se servant de passeport alors que 5,4% d’Africains et 11,6% d’Asiatiques ont été naturalisés en 2006!), c’est dans le contenu des textes et les arguments mis en avant qu’il faut y trouver encore une fois un mépris et un dénigrement des gens vivants dans ce pays.
«Aucun autre pays ne naturalise autant d’étrangers que la Suisse» nous dit-on. C’est sans compter sur le fait que la Suisse compte un taux de 21% d’étrangers. En réalité, seuls 25 étrangers sur 1000 se sont fait naturaliser l’an passé (2,5%), alors que le taux monte à 7,8% dans des pays comme la Norvège ou la Suède (8,2%) qu’on nous cite souvent en exemple. «Chaque année plus de naturalisations!» L’UDC «oublie» de dire qu’entre 2006 et 2007 il y a eu une baisse. Et ce n’est pas 50?000 naturalisations annoncées mais bien 46?700 en 2007.
Un amalgame grave est aussi fait entre les naturalisés des Balkans et de Turquie et l’augmentation des criminels et des profiteurs des assurances sociales. Et bien sûr, pour que la coupe soit pleine, «ce sont pour la plupart des musulmans».
A coup de campagnes mensongères et de raccourcis simplistes et xénophobes, je me demande vraiment qui ternit la réputation de ce pays. On comprend aussi pourquoi une grande majorité des étrangers vivant en Suisse ne souhaitent tout simplement pas faire de demande de naturalisation…
Mike Ebbutt,
Vevey

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Les partisans se trompent d’époque
Les partisans de la naturalisation par les urnes évoquent un droit séculaire dont les citoyens ont été frustrés, Oscar Freysinger dixit. Or ils se trompent d’époque: il fut un temps, en effet, où la bourgeoisie conférait certains droits, dont celui fort rassurant de pouvoir obtenir aide auprès de sa commune d’origine en cas de besoin. Les communes se montraient donc très parcimonieuses en matière de bourgeoisie, par crainte de voir augmenter leurs charges d’assistance. Tout cela est bien loin: le lien qui attache le citoyen à sa commune d’origine est peut-être encore sentimental, mais en fait purement administratif. La relation avec les autres combourgeois est inexistante.
Très insidieusement, les auteurs de l’initiative entretiennent le sentiment diffus que l’association entre la bourgeoisie et le domicile est ce qu’elle était grosso modo au XIXe siècle, une institution coulée dans le bronze. La mobilité actuelle a depuis belle lurette balayé une telle notion
La naturalisation sous forme d’acte administratif, un monstre juridique? Elle existe cependant, ne l’oublions pas, avec un zeste de piquant ici et là… Oyez! Trois de mes petits-enfants, ressortissants français, sont devenus bourgeois de Krauchthal (BE) par leur mère. Leur patronyme: De Laharpe! A ce que j’en sais, les paysans de ce village du Bantiger n’ont pas marché sur le Gemeindehaus avec fourches et faux lors de l’inscription de ces nouveaux combourgeois.
Le monstre juridique, c’est la naturalisation par les urnes. Au fait pourquoi s’arrêter en si bon chemin? Lancez, Messieurs de l’UDC, l’initiative Pour des permis de conduire démocratiques!
André Schertenleib,
Prilly

Non à la loterie pour décider qui peut devenir Suisse
Les initiants veulent que l’on rétablisse les scrutins populaires pour décider de l’acquisition de la nationalité suisse. Je me pose la question: comment les citoyens peuvent-ils se faire une idée fondée si le candidat à la naturalisation est digne d’être naturalisé? Sur la base de quels critères vont-ils décider? Selon le nom du candidat? Son origine nationale? La couleur de sa peau? Et pour quelle raison le candidat n’aurait-il pas le droit de connaître les motifs du refus? Cela ne va-t-il pas ouvrir tout grand la porte à l’arbitraire?
Je veux qu’à l’avenir on examine toujours de façon sérieuse les demandes de naturalisation et que l’on puisse les motiver. A mon avis, seule une commission peut fournir ce travail en se penchant de façon approfondie sur le dossier du candidat et peut motiver les raisons d’un refus. L’acquisition de la nationalité suisse est une affaire trop sérieuse pour laisser l’arbitraire et la loterie décider qui peut devenir Suisse. Je vais donc dire non à l’initiative de l’ UDC le 1 er juin.
Thierry Lambelet,
Lausanne

Faut arrêter d’abuser!
Il faut arrêter: la naturalisation par les urnes n’est «pas» démocratique! C’est un abus de la notion de démocratie.
La démocratie repose sur le scrutin populaire «et» sur le respect du droit. L’égalité de chacun devant la loi est essentielle. Voter «à la tête du client» viole tout simplement cette égalité devant la loi, fondement de notre démocratie.
Si on veut être honnête, on ne vote pas sur des candidats qu’on ne connaît pas. Sur 1000 électeurs d’une commune moyenne, on peut dès lors difficilement imaginer moins de 80% d’abstention. Dans ce cas, où est la démocratie? En plus, ce n’est pas en empêchant les naturalisations qu’on va empêcher les criminels d’agir, cet argument est grotesque.
Stop aux abus de langage et aux tromperies de l’UDC. Non à cette initiative malhonnête!
Vincent Rossi,
Lausanne

Réflexion à propos de la naturalisation
Etranger, permis «C», en Suisse depuis de nombreuses années je ne vois pas l’intérêt de demander la nationalité suisse. Être un étranger n’a pas de connotation négative. De cette manière je me sens partout au monde chez moi, et parfois nulle part chez moi, je dois l’admettre. Mais qu’importe, je me sens surtout un citoyen libre dans un monde libre.
Pourquoi tant d’étrangers veulent-ils obtenir la nationalité suisse alors que, dès lors que l’on est au bénéfice d’un permis «C» l’on obtient les mêmes droits que ceux accordés aux Suisses (excepté celui de pouvoir voter)?
Il n’est pas nécessaire d’avoir le passeport à croix blanche pour être assimilé, inséré dans le système, intégré réellement en Suisse. Question de motivation personnelle, d’intérêt envers le pays et ses habitants. Question d’apprendre la langue, connaître les droits mais aussi les obligations et surtout de se comporter dans le respect des règles établies.
Cela dit, les Suisses, puisqu’ils ont infiniment besoin des étrangers, devraient davantage les aider dans la vie de tous les jours pour que leur assimilation ici se fasse de manière plus conviviale et plus facile pour eux. Pour cela faut-il encore accepter de communiquer, accepter d’aller vers l’autre, même si on ne le connaît pas, même s’il n’a pas notre couleur, même s’il est étranger.
Stéphane Coeckelenbergh,
Prilly

Les voisins sont les mieux à même de décider
J’ai débarqué en Suisse il y a 52 ans, dans l’espoir à l’époque de ne pas devoir rester plus de quelques semaines, voire quelques mois.
Arrivé fin novembre, j’étais déjà au boulot en janvier. Entre-temps la Suisse m’a offert logement et couvert, et je lui en étais reconnaissant, partant du principe qu’elle ne nous devait rien.
Malheureusement ces principes n’ont plus cours aujourd’hui. La gauche, rose, rouge, pastèque et le PDC – dans l’espoir de gagner des voix – ont réussi à culpabiliser nos concitoyens en laissant entendre que tous ceux qui ne votent pas en faveur de leurs idées sont de mauvais Suisses.
Pourtant, qui connaît mieux ces demandeurs de naturalisation que leurs voisins?
Je trouve que beaucoup de valeurs se sont perdues, comme la politesse envers nos aînés et les dames entre autres. Certains savent très bien faire des courbettes devant un gradé, mais n’ont aucun égard envers leurs voisins quand ils ne se permettent pas parfois d’user de menaces envers les employés communaux par exemple.
La Suisse étant un état enclavé, elle ne devrait pas tolérer sur son sol de débouté ni de tricheur sans-papiers, vivant sur le dos des contribuables.
Miklos Nagy,
Lausanne

mixremix peur de toutQui paye commande!
Est-il exact que la justice peut forcer une commune à accepter davantage de personnes étrangères pour être naturalisées? Les contribuables d’une commune ne soutiennent-ils pas également le financement des services sociaux? Qui paye commande! Les citoyens d’une commune doivent donc aussi pouvoir décider en toute connaissance de cause.
Celui qui n’est pas d’accord avec des décisions démocratiques doit faire un effort d’intégration. Il doit vouloir devenir Suisse de tout son cœur et pas seulement pour profiter de nos droits. Je voterai donc oui à l’initiative sur les naturalisations.
Emil Rahm,
Hallau

C’est oui!
L’esprit «bo-bo», c’est-à-dire libéral libertaire triomphe désormais partout, tandis que la pensée critique est de plus en plus marginalisée. Ah! Les mots de la bonne conscience. Les mots des grandes consciences. Les mots qui tuent.
Afin de donner consistance à l’indispensable danger fasciste, il faut inventer des fascistes. Est ainsi déclaré fasciste celui qui se met en travers de la route du mondialisme. L’archétype du mal, c’est bien entendu l’UDC.
Le bon sens étant la chose la mieux partagée entre les hommes, chacun, en son âme et conscience, reconnaîtra que «fascisme» n’est plus qu’une insulte, une arme sémantique pour disqualifier l’adversaire.
Au lieu d’une discussion sereine, civique, constructive sur les mythes et les réalités des flux migratoires, sur les naturalisations, sur les clandestins, sur la définition de la nation et de la citoyenneté, s’engage une guerre métaphysique, envenimant l’atmosphère et ne résolvant aucun problème.
La Suisse a le devoir de contrôler qui entre chez elle et de réguler le flux des immigrants en fonction de ses possibilités d’accueil. Il est tout aussi clair que l’accession à sa nationalité doit obéir à des règles strictes, ainsi qu’il est d’usage dans tous les pays civilisés. Cette accession doit être un acte solennel qui reconnaît à ceux qui en bénéficient la capacité d’apporter à la communauté humaine ce qu’ils ont de meilleur.
L’initiative de l’UDC sur les naturalisations va dans ce sens. Elle n’est entachée de xénophobie que pour celui qui est habitué à se plier aux oukases de l’orthodoxie officielle.
Edy Erismann,
Les Venéresses-sur-Bex

Votez utile!
Depuis que le parti tout-puissant d’Hermann Gessler sévit aussi en Suisse romande, voter devient un jeu d’enfant. Vous consultez le mot d’ordre donné à ses troupes et vous votez le contraire. De cette manière, vous avez la certitude de voter utile.
Johann Burger,
Renens

Carton rouge pour les naturalisations prétendument démocratiques!
Victime de tous, de Darbellay, des étrangers, de Widmer-Schlumpf, l’UDC surjoue. Ses gesticulations nuiront-elles au succès de son initiative ultraxénophobe? Ce parti tient l’électorat que sa monomanie hypnotise: les étrangers étant la source des problèmes, les détester serait la condition des solutions. Des mains sombres ou poilues touillent dans un cageot. La magie de l’image invente la réalité qu’elle prétend combattre et de gros moyens financiers imposent deux mensonges: celui des naturalisations en masse et celui des juges qui naturaliseraient des criminels. Cela suffira-t-il pour dépasser 50%? Rien n’est moins sûr, car son argumentaire est pauvre.
L’UDC demande que les électeurs des communes puissent décider librement la procédure de naturalisation. Mais ne le font-ils pas déjà? Seul est aujourd’hui interdit le vote de listes de candidats qu’elle veut introduire, mais cette procédure ouvre justement la voie à la «naturalisation en masse», qu’elle rejette. Le droit de recours ne s’appliquerait pas à des décisions démocratiques? L’UDC met en cause le droit qui permet au citoyen de se protéger d’une décision injuste. Et qui constitue donc la garantie d’institutions démocratiques.
Karl Grünberg,
ACOR SOS Racisme, Lausanne

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