Lisez l'opinion d'Isabelle Moret dans 24heures
Accorder la nationalité suisse est un acte politique important. Notre passeport ne doit pas être remis à la légère. Les candidats à la naturalisation doivent prouver leur intégration dans notre pays et leur volonté de devenir Suisses.
Vous partagez cette opinion? Alors votez non à l’initiative UDC le 1er juin; car, en cas de refus de cette initiative, le contre- projet radical-libéral *, déjà voté par le parlement, entrera automatiquement en vigueur. Ce contre-projet prévoit que la naturalisation reste un acte politique et il exige que l’autorité soit suffisamment informée avant de statuer, grâce à
des critères objectifs permettant de s’assurer que le candidat mérite le passeport suisse. A l’inverse, la naturalisation par les urnes est une procédure totalement à l’aveugle: comment le citoyen peut-il statuer sur l’intégration d’une personne à laquelle il n’a vraisemblablement jamais parlé? On risque de naturaliser ceux qui ne le méritent pas et de refuser
des personnes intégrées.
Bien pire, cette initiative se prétend «démocratique», alors qu’elle bafoue les droits des citoyens vaudois. En effet, lorsqu’une personne obtient la nationalité suisse, elle obtient également le droit de cité cantonal et communal. Le canton et la commune doivent donc pouvoir se prononcer sur la
naturalisation de cette personne. Dans le canton de Vaud, la procédure de naturalisation est régie par la Constitution vaudoise, acceptée démocratiquement par le peuple, et par une loi cantonale votée démocratiquement par le Grand Conseil. En cas d’acceptation de l’initiative UDC, notre article constitutionnel sur la naturalisation et notre loi vaudoise pourront être jetés à la poubelle.
Je rappelle qu’il n’y a pas en Suisse de tradition de naturalisation par les urnes. C’était une pratique minoritaire qui ne concernait que 5% des communes. Trouvez-vous «démocratique » que ces quelques communes et leurs partisans viennent nous expliquer à nous, Vaudois, que notre procédure d’octroi de notre droit de cité cantonal et communal doit être modifiée?
Certains Vaudois m’expliquent qu’ils préféraient l’ancien système de naturalisation, dans lequel la compétence décisionnelle appartenait au législatif et non à l’exécutif communal. Dans ce cas, c’est la loi vaudoise qu’il faut modifier. En effet, le contre-projet fédéral n’interdit pas
d’attribuer cette compétence à nouveau au législatif, pas besoin d’accepter l’initiative UDC pour cela.
Vous estimez que dans votre commune l’intégration des candidats n’est pas assez bien vérifiée? Ce n’est certainement pas en acceptant une naturalisation à l’aveugle que ce point sera amélioré. Vérifiez plutôt que votre Municipalité a nommé une commission des naturalisations et élisez des
personnes qui auront à coeur de respecter les conditions de la naturalisation. Démocratiquement.
Contrairement à l’initiative UDC, le contre-projet organise une procédure stricte, respectueuse des droits de chacun et digne de notre Etat de droit.
Face à des naturalisations à l’aveugle, nous proposons des naturalisations éclairées.
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