jeudi 3 avril 2008

Le calvaire des immigrés africains en Israël

Lire dans le Soir de Bamako du 3 avril 2008
Le témoignage d’un jeune malien - Si certains pays européens, comme la France, l’Espagne, sont réputés pour leurs mépris l’égard des immigrants, il faut aussi reconnaître qu’il existe d’autres pays, non moins importants où les candidats à l’immigration subissent toute sorte de maltraitance, tant sur le chemin qu’à l’arrivée. Il s’agit particulièrement de l’Israël.

Faut-il le souligner, les immigrants sont, pour la plupart, des africains qui ont quitté leurs pays, généralement en voie de développement, pour la recherche d’un avenir meilleur. Et n’ayant pas les moyens pour remplir toutes les conditions légales relatives à l’immigration, les jeunes, à leur risque et péril, tentent de regagner frauduleusement les pays où ils estiment trouver un avenir meilleur.

Cependant, ils marchent de longues distances, empruntent des bateaux de fortune, des pirogues,... Toute chose qui se transforme généralement en drame avec des noyades, des fusillades, des emprisonnements. Les cas de Ceuta et de Mellila, courant 2005, en sont des illustrations parfaites.

En effet, après l’Espagne, l’Italie, la France, le pays qui fait aujourd’hui l’objet d’affluence, apprend-on, est sans nul doute l’Israël. Pourtant, l’accès et les conditions de vie ne sont pas du tout faciles. C’est ce qui ressort du témoignage de ce jeune malien, contraint de retourner au pays après un mois de détention.

Le témoignage

Selon notre interlocuteur, âgé d’une trentaine d’année, la ruée des immigrants vers l’Israël a commencé dans les années 2005. Les candidats proviennent du Mali, de l’Ethiopie, du Soudan, de l’Erythrée, de la Côte d’Ivoire.

Pour regagner l’Israël, a-t-il fait savoir, on passe nécessairement par l’Egypte, quand on sait que le transit à travers la Jordanie qui fait également frontière avec le dit pays, est quasiment impossible. C’est à partir de l’Egypte que commence le calvaires, a-t-il indiqué.

Pour atteindre la frontière Israëlo-egyptienne, a-t-il poursuivi, les immigrants sont d’abord recueillis à bord des minibus par des intermédiaires ou ”coxeurs”, comme des touristes, puis dans des véhicules de marque Toyota double cabine. Et les frais de passage varient selon les nationalités. Par exemple, les soudanais qui sont les plus favorisés ne dépensent pas 500 dollars pendant que les autres nationalités payent souvent plus de 1000 dollars.

Arrivée à la frontière, toujours selon notre interlocuteur, les candidats à l’immigration sont abandonnés à leur sort, et c’est le sauve-qui-peut.

Malheureusement, à cause d’un important dispositif de sécurité, personne ne réussit à pénétrer sur le territoire israélien sans être intercepté par les agents de contrôle, puis emprisonné dans les camps de détention. Sans compter ceux qui ont été fusillés sur le territoire égyptien.

Notons qu’à cause de la guerre en Côte d’Ivoire, les ressortissants de ce pays avaient facilement accès à l’Israël. C’est pourquoi, presque tous les immigrants se déclaraient de nationalité ivoirienne. Mais avec la fin de cette guerre, les choses ne sont plus comme avant.

Les conditions de détention dans les camps

A entendre notre jeune malien, qui a passé un mois de détention, les conditions de vie sont insupportables dans ces camps. A l’en croire, les immigrants détenus sont logés par vingtaine sous des tantes d’environ 10 mètres sur 15. Les conditions sanitaires, et alimentaires sont loin d’être à la hauteur.

Pour cause : plusieurs personnes peuvent utiliser les mêmes jackets et couvertures sans être lavées. Et la ration alimentaire est très petite à telle enseigne qu’on devient chétif au bout de quelques mois.

Moussa TOURE

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