mercredi 16 avril 2008

France: grève de travailleurs sans-papiers pour obtenir une régularisation

PARIS - Quelque 300 salariés sans-papiers, africains pour la plupart, d'une vingtaine d'entreprises de la région parisienne se sont mis en grève mardi pour la première fois de façon concertée, avec le soutien d'un syndicat, pour demander à être régularisés.

Les grévistes réclament l'application d'une mesure gouvernementale française du 7 janvier permettant de régulariser les sans-papiers travaillant dans des secteurs ayant des difficultés à recruter, mesure qui selon eux n'est pas mise en oeuvre par les autorités.

Pour la plupart originaires d'Afrique de l'ouest, ces travailleurs ont tous un contrat de travail mais ont été embauchés avec de faux papiers. Il y aurait en France entre 200.000 et 400.000 étrangers en situation irrégulière, dont l'immense majorité travaille.

"Il faut arrêter l'hypocrisie et mettre un terme à cet esclavage moderne", affirme la centrale syndicale CGT (Confédération générale du travail).

De son côté, le ministère de l'Immigration a souligné qu'il appartenait "aux préfets d'apprécier au cas par cas les demandes de régularisation qui lui sont adressées". Il a toutefois rappelé que l'article 40 de la loi du 20 novembre 2007 "s'engage à prendre la capacité d'intégration en
France d'un certain nombre de travailleurs ayant des compétences particulièrement recherchées sur le marché du travail".

La grève, organisée par le syndicat CGT et une association de défense de sans-papiers, Droits Devant!, a été déclenchée dans des entreprises de nettoyage, de jardinage ou encore de restauration.

Chez un traiteur de Colombes, près de Paris, ils sont une douzaine de salariés sans-papiers à faire grève, sur 200 salariés au total. Maliens pour la plupart, ils y travaillent depuis 5 à 8 ans.

"On vit ici, on bosse ici et on restera ici", affirme Mamadou, déterminé à exiger sa régularisation à visage découvert pour continuer à vivre en France car, dit-il, "on a peur tout le temps, même quand on prend le métro".

Un gérant de société, Johann Le Goff, qui dit représenter une trentaine de chefs d'entreprise, a également plaidé pour "une régularisation simplifiée et rapide de nos travailleurs sans-papiers".

"Il manque à peu près 3 millions d'emplois. Pourquoi ne pas régulariser ceux qui sont en poste, qui connaissent parfaitement leur boulot, qui sont des travailleurs hors pair?", interroge le porte-parole de l'association Droits Devant!, Jean-Claude Amara.

"L'opinion publique ne sait pas forcément que ces centaines de milliers de sans-papiers travaillent, cotisent, gonflent les caisses de retraite ou celles de l'Assedic", l'assurance chômage, souligne en outre le responsable associatif.

Le président Nicolas Sarkozy, qui privilégie une politique d'immigration "choisie", a fixé un objectif de 25.000 expulsions d'étrangers en situation irrégulière en 2008, comme en 2007.

(©AFP / 15 avril 2008 21h01)

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