Le gouvernement était au courant des risques. Mais le ministre de la Justice n’est pas intervenu auprès de son parti. La Berne fédérale s’interroge.
La police bernoise se retrouve sous le feu des critiques,
notamment de la part des dirigeants de l’UDC.
L’Union démocratique du centre est-elle victime des casseurs de samedi ou a-t-elle mis le feu aux poudres? Depuis les émeutes en ville de Berne, la question fait débat, jusqu’au Conseil fédéral. C’est plus particulièrement l’attitude du ministre de la Justice qui est en cause.
Dans l’entourage d’autres conseillers fédéraux et auprès de hauts fonctionnaires, les questions fusent. Pourquoi, en tant que chef des renseignements intérieurs, Christoph Blocher n’a-t-il pas poussé son parti à redimensionner sa manifestation électorale? A-t-il agi en ministre de Justice et Police responsable? S’est-il comporté comme un chef de campagne œuvrant à la visibilité de sa formation politique, quitte à sacrifier quelques vitrines? La discussion ne fait que commencer.
Pascal Couchepin (PRD) a ouvert les feux samedi soir lors du journal télévisé. Il a regretté que, malgré les informations à disposition, ses collègues UDC aient pris le risque d’organiser une telle manifestation. La présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey (PS) a affirmé hier matin à la Radio romande qu’en dépit d’avertissements, «rien n’a pu être ou n’a été fait». Cela alors même que les «responsables de la sécurité au Conseil fédéral sont du parti qui n’a pas pu défiler».
Gouvernement informé
L’Office fédéral de la police confirme avoir informé le gouvernement des dangers. «Ce qui s’est produit correspond à ce que nous attendions, tant au niveau du potentiel de violence que du nombre de participants», explique Jürg Bühler, suppléant du chef du Service d’analyse et prévention. Il revenait toutefois aux autorités de la ville et du canton de Berne d’autoriser ou non la manifestation. Les ministres ont également été informés des risques personnels qu’ils prenaient en se rendant à la manifestation. Quant à la décision de participer ou non, elle incombait à Christoph Blocher et à Samuel Schmid.
Du côté du Département de justice et police, on s’en tient aux déclarations de Christoph Blocher lors de la manifestation de son parti. Il a, à cette occasion, dénoncé les atteintes à la liberté d’expression ainsi que l’action de la police bernoise.
Pour sa part, Samuel Schmid avait décidé de ne pas défiler et de tenir uniquement un discours sur la place Fédérale. Se distanciant de son parti, il a estimé hier qu’un simple rassemblement sur cette place aurait été plus facile à gérer.
Pour le conseiller national et vice-président du parti Yvan Perrin (UDC/NE), les choses sont claires: «La police était en sous-effectif. Les autorités politiques portent la responsabilité de ces erreurs de planification.» Quant à un éventuel redimensionnement de la manifestation, par exemple en annulant le cortège à travers la vieille ville, il en fait une question de principe: «Les droits démocratiques ne sont pas négociables. Un changement de programme de notre part aurait représenté une capitulation.»
Un article de Romain Clivaz pour 24 Heures
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