jeudi 13 septembre 2007

L'intégration, tour de table des partis

Lire cet article de Virginie Poyeton dans le Courrier
Hormis l'UDC et les Verts – chacun à une extrémité de l'échiquier politique –, la politique migratoire des partis semble se résumer au maître mot «intégration». Petit tour d'horizon.

UDC: toujours trop d'étrangers

Le parti d'extrême droite a, sans surprise, fait de la politique migratoire son principal sujet de campagne (lire ci-contre). C'est autour du renvoi des criminels étrangers que l'UDC a décidé de mener sa propagande à travers de multiples supports, tous critiqués pour leur caractère raciste: initiative tous-ménages, campagne d'affichage, jeu sur internet et vidéo-clip. Selon l'UDC, «on compte un nombre trop élevé d'étrangers qui abusent de notre hospitalité. Ils commettent des délits graves, menacent notre propriété et même notre intégrité physique et notre vie». Dans le domaine migratoire, l'autre grand combat du parti udéciste est celui de la lutte contre «les naturalisations de masse». Pour la parti, l'acquisition de la nationalité suisse devrait être interdite aux personnes touchant l'aide sociale, l'AI ou le chômage. Une procédure de retrait de la nationalité en cas d'infractions graves devrait également être envisagée. Dans une deuxième initiative, l'UDC exige que les naturalisations soient soumises au peuple. Enfin, fidèle à ses antiennes, le parti revendique un renforcement de la traque aux «abus», en particulier dans le domaine de l'asile. Trop de recours abusifs, trop d'attente dans les renvois, trop de profiteurs de l'aide sociale, etc.


PS: l'intégration conventionnée?

Du côté du parti à la rose, cela fait plusieurs mois que l'intégration s'est imposée comme le nouveau visage de la politique migratoire socialiste. Une intégration vue comme «une chance sociale» et non comme un problème de société. Dans son programme, le PS en appelle directement au rôle de l'Etat pour adopter une politique d'intégration active assurant «l'égalité des chances d'accès aux ressources sociales et économiques». En septembre, à la suite de l'adoption des lois sur l'asile et sur les étrangers que le parti avait combattues, les socialistes proposaient de créer une convention d'intégration entre l'Etat et les migrants. L'idée – que d'aucuns jugeaient discriminatoire et contraignante – a divisé le parti mais, depuis, elle a aussi été reprise par le gouvernement. Du coup, elle a disparu de l'agenda du PS. Dans sa plate-forme électorale, le parti aborde le problème de manière globale: la mise en place d'un processus d'intégration dès l'arrivée en Suisse, des cours de langues, des mesures spécifiques pour les femmes et les jeunes. En termes de politique d'asile, le discours est plus limpide: la tradition humanitaire de la Suisse doit être maintenue. Ce qui implique une reconnaissance des persécutions non étatiques, la levée de l'interdiction de travailler, un accès efficace à une assistance juridique gratuite, le droit au regroupement familial pour les admissions provisoires et l'interdiction de mettre les NEM à la rue.


PRD: une loi sur l'intégration


Les derniers entrants dans la campagne sur les questions de politique migratoire sont les radicaux. Empiétant sur les plates-formes de l'UDC, le président du parti, Fulvio Pelli, estimait mardi que les mesures d'intégration présentées en août par Christoph Blocher ne permettaient pas de résoudre les problèmes actuels. Pour affronter les défis liés à la migration – le taux de 22% d'étrangers vivant en Suisse, la croissance de la violence des jeunes et la part importante des étrangers parmi les criminels – le parti bourgeois propose une loi-cadre sur l'intégration. Cette dernière permettrait de récompenser les réussites et de sanctionner les échecs en termes d'intégration. Pour ce faire, pas question de lésiner sur les moyens. Le parti souhaite quadrupler l'enveloppe des mesures destinées à l'intégration et focaliser notamment sur l'enseignement des langues, mais également sur l'intégration politique et professionnelle des étrangers.


PDC: silence radio


Jusqu'aujourd'hui, les démocrates-chrétiens sont restés plutôt discrets sur les questions de politique migratoire. Partisan des révisions des lois sur l'asile et sur les étrangers adoptées en septembre, le parti est plutôt satisfait de la situation actuelle et ne demande pas – à l'instar de ses collègues de droite – un renforcement des lois. Son mot d'ordre pour les élections est «intégration accélérée, abus combattus». Comprendre une meilleure intégration des migrants extra-européens grâce à la loi sur les étrangers et un durcissement de la politique d'asile pour garantir une protection aux personnes réellement persécutées.


Verts: changer le système


Le Parti écologiste est le seul qui continue à critiquer les lois adoptées en septembre 2006. Ces lois sont «mal adaptées à la réalité car imprégnées d'un esprit xénophobe et trop axées sur l'exclusion. Elles n'empêchent pas la migration mais créent de nouvelles discriminations et de nombreuses injustices.» Chez les Verts, le discours sur l'intégration implique une réciprocité: certes, les migrants doivent s'engager à tout faire pour s'intégrer, mais les autorités politiques doivent aussi favoriser cette intégration sur le modèle du «un emploi, un permis». Dans leur programme électoral, les Verts en appellent à l'élaboration d'une loi qui mette les Européens et les extra-Européens sur pied d'égalité, à la régularisation de tous les sans-papiers, à une procédure de naturalisation simplifiée, uniformisée et surtout pas par les urnes, ainsi qu'à des droits politiques après cinq ans de résidence. Dans le domaine de l'asile, les Verts exigent que les conventions internationales signées par la Suisse soient respectées. Enfin, la Suisse «l'un des pays les plus riches au monde, doit aussi assumer ses responsabilités et renforcer sa coopération au développement».

Aucun commentaire: