«J'ai été roué de coups de bottes par huit néonazis»
Victime de l'agression perpétrée par huit jeunes néonazis le 8 août dernier près de la gare Cornavin, Emmanuel Kigabo, un Burundais de 23 ans, peine à s'en remettre
Emmanuel Kigabo, 23 ans, est encore sous le choc
«Il était environ 1h du matin lorsque je quittais les stands des Fêtes de Genève avec mes deux amis, se souvient Emmanuel, portier et serveur dans un hôtel. Nous allions à la gare pour chercher un taxi pour rentrer chez nous. A la hauteur de la rue de Lausanne, trois jeunes, avec le crâne rasé, se sont alors dirigés vers nous en nous traitant de «sales nègres»!» Enervé, Emmanuel leur répond un «qu'est-ce que vous voulez?» qui est mal tombé: après quelques bousculades, une bagarre a éclaté au milieu de la route. «C'est alors que j'ai vu arriver cinq autres personnes qui avaient le même look qu'eux et j'ai compris qu'on était mal, poursuit-il. Ils nous ont tous poussés à terre et nous ont roués de coup avec leurs lourdes bottes en nous criant «Rentrez chez vous!» Emmanuel estime que l'agression a duré une bonne vingtaine de minutes avant que des militaires en congé ne viennent leur porter secours. «On a eu la chance de notre vie, dit-il. S'ils n'étaient pas arrivés, les agresseurs auraient sans doute sorti les couteaux qu'ils avaient sur eux.»
Lorsque les militaires se sont approchés, le groupe d'extrémistes de droite a alors pris la fuite. «On les a poursuivis jusqu'aux Bains des Pâquis et la police est arrivée pour les arrêter», conclut Emmanuel, qui a immédiatement porté plainte. La juge en charge de l'affaire refuse de se prononcer pour l'heure. Mais la police a trouvé chez certains de ces huit jeunes des objets à caractère néonazis et des photos d'Hitler.
C'est Emmanuel qui a subi le plus de blessures, avec une ouverture à l'arrière du crâne et un oeil enfoncé.
«Je suis encore sous le choc et n'aime plus trop sortir de chez moi, confie-t-il enfin. Ça fait 5 ans je vis à Genève et je n'avais encore jamais été victime de racisme, même verbal.»
Un article de Sophie Balbo paru dans le Matin
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