mardi 19 septembre 2006

Courrier des lecteurs de 24heures

Des lois inutiles et iniques

Les lois sur l’asile et les étrangers proposées par le Conseil fédéral sont inutiles et iniques. Comment ose-t-on prétendre que ces futures lois permettront de trouver la solution? Ce ne sont pas la dizaine d’articles qui parlent de l’arrivée des étrangers dans un aéroport suisse qui vont résoudre le problème de l’expulsion immédiate! Il est vrai que 99% des sans – papiers utilisent ce moyen de transport pour venir travailler en Suisse.
Ces lois sont un leurre. Il y a assez de règlements qui permettent de répondre à la problématique du renvoi des étrangers mais elles ne sont pas appliquées.
Il faut avoir la volonté d’étudier de cas en cas les demandes et les traiter rapidement. Tous ne méritent pas le droit de rester en Suisse et il faut être vigilant.
Mais que ceux qui sont dignes et respectueux de nos lois puissent trouver refuge chez nous. C’est le cas de plusieurs personnes qui travaillent en Suisse depuis 1996 en payant leurs impôts à la source, leur AVS, leur deuxième pilier, qui paient leurs factures de dentistes et de médecins. De surcroît, ils n’ont aucun problème avec la justice.
Ces personnes doivent pouvoir rester en Suisse et même l’article 14 de la loi sur l’asile ne le leur garantit pas.
Est-il humain d’imposer à des hommes et des femmes une pareille situation?

Didier Lohri

Bassins

Un peu de courage, M. Christen!

Il est surprenant qu’un politicien expérimenté comme M. Yves Christen explique publiquement qu’il déposera dans l’urne un vote nul: en effet, il compte l’annoter pour subordonner son «oui» à l’adoption d’une nouvelle politique plus généreuse à l’égard des pays du tiers-monde.
Tout vote positif constitue en fait un nouveau blanc-seing à l’égard de la politique xénophobe de M. Blocher et de ses partisans. Une politique de plus en plus restrictive à l’égard des étrangers qui nous conduit dans une impasse depuis une douzaine d’années.
L’Europe souhaite s’entourer d’un mur de papier législatif pour empêcher tout accès d’étranges sur son territoire.
Mais cela ne résoudra jamais les problèmes de mouvements de population. Il engendre cependant autant de souffrances, voire de morts, que les murs en béton de Berlin ou de Palestine.
Le monde occidental paie actuellement le prix de sa politique égoïste qui n’a consacré à l’entraide que les miettes de la croissance et n’a vu dans le tiers-monde que des terrains de chasse aux matières premières. M. Christen a raison: il faut adopter une véritable politique de soutien au développement, en cessant de conserver pour nous l’impôt anticipé sur les capitaux en fuite et en finançant des places de travail dans leur pays d’origine pour les spécialistes
plutôt que de les attirer chez nous comme le fait la nouvelle loi sur les étrangers.
Pour être cohérent avec ses propositions, M. Christen ferait mieux de voter deux fois non et d’entraîner tous ceux qui l’admirent

Jeanne-Marie
Perrin,
Lausanne

Ne pas brader notre patrie

Denis De Rougemont disait: «Nous ne sommes pas là pour deviner l’avenir, mais pour le faire». Les lois sur l’asile et les étrangers doivent être plébiscitées afin que les générations futures ne nous reprochent pas d’avoir bradé la patrie à des gens qui ne sont pas d’ici et qui n’ont peut-être pas envie de se conformer aux lois et us et coutumes de notre pays.
Il est temps d’agir, ne nous laissons pas endormir au son des sirènes d’une gauche irresponsable et de quelques personnalités de droite. Ils essaient tous de vous convaincre du contraire, cela leur permet d’alimenter leur fond de commerce avant les élections fédérales de 2007.
Quant à la position des Eglises, elle est conforme à leur conviction, sans trop y croire!
Les étrangers au bénéfice d’un permis C que j’ai côtoyés et certains naturalisés sont d’avis qu’il faut accepter ces lois.
Quant au monde ouvrier, il est loin de suivre aveuglément ses chefs de file, car, avec tous ces «faux réfugiés économiques», il a peur de perdre des places de travail! C’est bien la preuve de l’aberration que serait un refus de ces lois par le peuple. Voter oui, c’est assurer l’avenir de vos enfants.

Jean-François
Chappuis,
Moudon

Un manichéisme dangereux

A court d’arguments, les partisans des «deux fois oui» se contentent de slogans simplistes et populistes du genre: les deux lois permettront de mieux trier, donc de mieux traiter les «bons» étrangers et les «vrais» réfugiés. Ce n’est qu’un emballage trompeur dont le manichéisme va conduire à l’arbitraire.
Un exemple dans la loi sur les étrangers. L’officier
d’état-civil pourra refuser de célébrer une union s’il soupçonne que c’est un mariage de complaisance pour l’obtention de la nationalité suisse. Sur la base de quoi? La couleur de peau? Un nom bizarre? Une provenance douteuse, comme l’Afghanistan, l’Iran, etc.? Ou l’officier d’état-civil devra-t-il se muer en barbouze inquisiteur?
Un exemple dans la loi sur l’asile. Un acte de naissance ou un permis de conduire ne suffira plus pour entrer en matière. Je veux bien croire que des requérants jettent leur passeport. Mais il est certain que, pour la plupart de ceux qui ne peuvent présenter un tel document, c’est qu’ils n’en ont jamais possédé, que leur pays ne leur en ont pas délivré, qu’ils l’ont perdu dans la fuite, qu’il a été confisqué par des passeurs, etc.. Or il est prévu de mettre ces gens en prison pour insoumission — jusqu’à 24 mois pour les adultes et 12 mois pour les mineurs!
Il faut saluer l’indépendance et le courage des éminentes personnalités de droite qui s’engagent publiquement pour le «non»

André Guex,

Saint-Légier

Les migrations et la télé

A propos de l’article intitulé «Urs Hadorn contre la loi sur l’asile» (
24 heures du 4 septembre 2006):
On ne saurait être plus pertinent qu’Urs Hadorn, ancien vice-directeur de l’Office fédéral des réfugiés: la loi sur l’asile tape à côté du clou, car «nous sommes confrontés à un problème de migration, et pas simplement à un problème d’abus». En d’autres termes, il existe un flux migratoire naturel du sud vers le nord et toutes les mesures répressives n’y changeront rien.
Il suffit de lire la statistique des débarquements clandestins à Lampedusa (Italie) et aux Canaries pour constater la détermination de ces nouveaux boat people. Rien ne peut enrayer un tel mouvement. Il faut l’admettre, s’y habituer, le discipliner et en tirer le meilleur parti.
La TSR ferait bien de diffuser le film de David Wheatley «La marche» (1990), qui montre admirablement que rien, même pas les canonnières
européennes, n’arrêtera la progression migratoire de ceux qui n’ont rien vers ceux qui ont beaucoup. Et n’est-ce pas la télé mondialisée avec ses téléfilms débiles qui leur donne l’image d’une Europe et d’une Amérique où tout le monde vit dans le luxe et la facilité
Gian Pozzy

Lutry

Droits des enfants pas bafoués

En réponse à la «Réflexion» de Mme Anne-Catherine Ménétrey intitulée «Non, car les nouvelles lois bafouent les droits des enfants» (
24 heures du 6 septembre 2006):
S’il est vrai que des enfants peuvent être pris dans des situations conflictuelles et parfois tragiques en raison du statut non réglé de leurs parents, il semble erroné d’en conclure que ce sont les lois elles-mêmes qui «bafouent les droits des enfants». Lors de l’élaboration des lois, il a été tenu compte des conventions internationales signées par la Suisse, en particulier de la Convention relative aux droits de l’enfant. Ces mêmes conventions doivent impérativement être respectées lors de l’application des lois.
Les les maux dénoncés à juste titre par Mme Menétrey ne sauraient être imputés aux lois elles-mêmes

Dominique Boillat,

Office fédéral des migrations, Berne

Aux oubliettes, la motion Melly!

Ainsi donc, selon le conseiller d’Etat Jean-Claude Mermoud, la motion Melly serait devenue «sans objet»! Comme l’ensemble du groupe des Verts, nous sommes profondément choqués par cette froide expression de raison d’Etat dans ce qu’elle a de plus inhumain. Sans objet, les 175 Ethiopiens et Erythréens auxquels on n’offre aucune perspective? Sans objet, les 146 requérants (parmi les trop célèbres 523) englués dans des procédures interminables et incompréhensibles?
Mais comment font-ils depuis des années pour
survivre dans l’incertitude, à vivoter depuis des mois de l’aide sociale (la moitié de l’aide octroyée à une personne de nationalité suisse) suite à l’interdiction de travailler qui les a frappés?
Nous observons une grande similitude entre cette politique indigne et les lois sur lesquelles nous allons voter – dans cette manière de faire disparaître les visages et les destins de personnes vivantes derrière des statistiques désincarnées. C’est pourquoi nous voterons non

Sandrine Bavaud et Philippe Martinet,

députés Verts, Lausanne et Nyon

Des Suisses privés de logement

Si je vous écris aujourd’hui, c’est pour dire tout mon écoeurement face à la situation d’êtres qui me sont chers, malheureusement des Suisses, à qui on refuse un logement. Ils ont des dettes! Un jeune couple, une petite fille, des gens comme vous, mais qui n’ont aucun droit au logement!
Malgré moultes démarches parfois coûteuses, rien à faire!
Leur tort? Etre Suisse en Suisse! Que faut-il faire? Partir à l’étranger? Ils sont tous trois Lausannois, nés à Lausanne mais voilà, il n’y a pas d’appartement pour eux! Qui va s’en inquiéter? M. Brélaz?
Mme Dreifuss? M. Maillard? Je n’en sais rien! Mais c’est une situation scandaleuse! Et je voudrais que vous, Messieurs des gérances et des services dits sociaux, ayez, à défaut de coeur, un minimum de compassion.

Nicole Genoud,

Cossonay

L’étrange mue de M. Bugnon

A propos de la «Réflexion» de M. André Bugnon intitulée «Oui, pour nous protéger et mieux accueillir les vrais réfugiés» (
24 heures du 6 septembre 2006):
M. Bugnon invite les citoyens à reconnaître que les modifications proposées amélioreront l’accueil et l’intégration des «vrais réfugiés». Il affirme péremptoirement que 80 à 90% des requérants sont des abuseurs (quel abus de langage!) et que nous ne pouvons pas offrir une situation acceptable à chacun (mais qui le demande?) et qu’en refusant la loi nous soutenons ceuxc qui abandonnent les immigrés en pleine mer.
Mais, M. Bugnon je ne vous reconnais pas. En tant que syndic vous aviez, avec d’autres, organisé efficacement l’accueil des Kosovars à Saint-Prex et fait preuve de compréhension à leur égard.
Serait-il que vous avez oublié le regard de ces requérants et leur détresse?
Mon épouse et moi-même soutenons depuis plus d’une année une famille de requérants, qui ont eu le malheur d’être rejetés dans la catégorie des NEM (non-entrée en matière). Ce ne sont pas des abuseurs, ce sont des gens qui ont quitté leur pays en pleine période de guerre civile en pensant trouver une terre d’accueil en
Suisse et dont le retour n’est tout simplement pas possible.
Ils ne profitent pas d’une situation favorable, ils vivent dans l’angoisse et la précarité, en attendant peut-être un jour de pouvoir travailler librement et d’apporter les forces de leur jeunesse à un pays dont la population vieillit

Jean Buttet,

Saint-Prex

Ethique contre droit

Dans la nouvelle loi sur les étrangers, le législateur prévoit des sanctions pour les personnes et organisations qui s’engageraient à aider les étrangers pour des motifs honorables. Ce qui veut dire, en d’autres termes, que de suivre sa conscience peut être considéré comme un acte criminel. Dans tous les pays et à toutes les époques, des personnes ont suivi leur conscience malgré les dangers.
Il en sera certainement de même en Suisse, à moins que nous soyons vraiment dégénérés, plus lâches et plus hypocrites.
L’Etat, en fait, tend à criminaliser les citoyens qui suivent leur éthique dans les choix régissant leur vie. Un Etat de droit se coupant de ses origines et de ses valeurs culturelles et religieuses laisse la porte ouverte à tous les abus. Pourtant, ce sont justement ces personnes qui nous aideront à trouver des réponses aux problèmes de notre société à la dérive et à retrouver le sens de nos valeurs en accord avec notre culture et notre histoire.

Pierre Bonvin,

La
Tour-de-Peilz
Blocher refuse le débat

Voici deux ou trois ans, M.
Christoph Blocher avait exprimé son opposition à ce que l’un ou l’autre de ses collègues donne son avis sur une votation fédérale. Il prétendait que le peuple suisse devait se prononcer librement.
Cela m’avait paru abusif.
Aujourd’hui, M. Blocher prétend défendre le même principe en refusant les débats contradictoires. Mais les chasseurs d’étrangers ont déjà leur religion faite et personne n’ignore les arguments inhumains en faveur du oui; l’UDC martèle depuis si longtemps les cerveaux avec la liste des abus, des malversations, des ruses et autres actes douteux attribués à ceux qui cherchent chez nous un refuge, que la peur a saisi les esprits au point d’en chasser les exigences chrétiennes.
Et si les Eglises, les défenseurs des droits de l’homme et tous ceux qui connaissent des étrangers installés en Suisse et intégrés depuis longtemps veulent prendre leur défense, M.
Blocher ne leur accorde pas le droit de parler. Est-ce cela la démocratie?
Ceci dit, je salue la volonté du nouveau président du PDC de ne pas réélire M. Blocher. On ne peut siéger au gouvernement et inspirer en même temps une opposition butée.

Albert Gonthier,

La
Tour-de-Peilz

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