mardi 28 novembre 2006

Editorial de 24heures


Voici l'éditorial de Laurent Busslinger sur le projet de centre pour les requérants difficiles:
Puisqu'on n'arrive pas à venir à bout de ceux qui trafiquent la drogue, éloignons tous les requérants d'asile.» Voilà ce qu'ont décidé dimanche la majorité des votants de Bex. Cela s'appelle jeter le bébé avec l'eau du bain. C'est une solution simpliste, qui oublie que tous les problèmes de drogue du bourg ne viennent pas du centre Fareas. Et que ceux qui sont hébergés dans le centre ne sont pas tous – et de loin – des trafiquants.

Et pourtant, il est difficile d'en vouloir aux citoyens qui ont prôné, puis ratifié dans l'urne, cette solution. Depuis combien de temps s'entendent-ils dire que la dégradation bien réelle du climat local n'est due qu'à une minorité? Et depuis combien de temps constatent-ils que rien ne vient à bout de cette minorité? Depuis assez longtemps, en tout cas, pour ne plus vouloir faire dans la nuance.

C'est en ayant cela à l'esprit qu'il faut écouter Jean-Claude Mermoud. «Enfermons les requérants délinquants dans un camp…» Débarrassé de sa terminologie précautionneuse faite de «centre spécial», et d'«assignation à résidence», voilà bien ce qu'il souhaite. Et cela fait mal aux oreilles. Sauf dans les souvenirs scouts, le camp est sur ce continent de sinistre mémoire. Surtout lorsqu'il est proposé par un parti nationaliste comme l'UDC, et qu'il cible des populations définies.

Et pourtant, là encore, il est difficile de balayer la réflexion sans autre. Au-delà de toutes ses difficultés, sans doute ses impossibilités légales d'application, cette proposition désagréable dit quelque chose de simple. C'est qu'il faut agir si l'on veut éviter les amalgames. Pour garder du sens à l'asile, qui est l'accueil de gens fragiles et pourchassés; pour garder du sens à l'ouverture aux autres, fussent-ils très différents de couleur de peau ou de religion, il faut isoler la minorité qui utilise ces honorables dispositions comme paravent à sa délinquance. Pour que l'asile ne soit pas une crispation sans fin, il faut écarter ceux qui y sèment le trouble.

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