mardi 28 novembre 2006

Un camp pour isoler les requérants difficiles


Lire l'article de 24heures ci-dessous et la dépêche de l'ATS
Après le vote de Bex, Jean-Claude Mermoud dévoile son projet: l’«assignation à territoire» des requérants délinquants, dans un centre à l’écart de la population. Reste à trouver le lieu prêt à les accueillir.
Les Bellerins ne veulent plus du centre Fareas ouvert chez eux en 1982. Par 53,43% des voix, ils ont exigé dimanche le rachat par la commune de ce bâtiment. Techniquement, les choses pourraient traîner, mais politiquement, il est impossible d'ignorer cette volonté. Entretien avec Jean-Claude Mermoud, conseiller d'Etat en charge de l'asile.

Votre parti, l'UDC, a lancé et gagné ce référendum. Que lui dites-vous?

J'ai déjà dit que c'est une victoire locale, qui n'influence pas forcément la décision du canton. Mais ce résultat sera l'un des facteurs les plus importants de ma réflexion. J'espère que l'UDC comprendra qu'il faut un peu de temps. La solution de facilité consistant à fermer le centre n'est pas envisageable sans autre.
Mais cette fermeture est-elle possible aujourd'hui?
Pas aujourd'hui. Un déplacement de population nous prendrait des semaines. Ce serait faisable, mais des raisons financières et politiques s'y opposent. L'amortissement du centre n'est pas fini. Et que se passerait-il avec les personnes déplacées? Pourquoi d'autres communes les accepteraient mieux que Bex?
N'est-il pas urgent de rééquilibrer la répartition des requérants d'asile dans le canton?
Absolument. La Loi sur l'aide aux requérants d'asile, la LARA, est enfin entrée en vigueur. On peut aller vers les communes, on va le faire. A part ça, obtenir d'elles des centres collectifs restera très dur. Or, les centres collectifs sont nécessaires. L'encadrement et la distribution des prestations y sont plus rationnels que dans des appartements.
La LARA reste très peu contraignante. Elle dit: «Les communes de plus de 2000 habitants doivent collaborer à la recherche de possibilités d'hébergement.» Ne peut-on être plus exigeant?
Ce serait à coup sûr plus facile pour le chef du Département et pour la Fareas. Le canton de Berne impose l'accueil à ses communes. Ce n'est pas ce qui a été choisi ici, Le Grand Conseil n'a pas suivi les amendements en ce sens. Mais si on n'arrive pas à trouver de solution, cette alternative n'est pas exclue. Si après Bex, ce sont Crissier, Leysin ou Sainte-Croix qui refusent des centres, il faudra une clé de répartition plus dure.
Le total des requérants diminue. Va-t-il aussi diminuer à Bex?
Non. Soit on ferme le centre, soit on le maintient avec plus de cent personnes. Sinon, on ne peut plus assurer une surveillance continue, un contrôle des entrées, etc. Mais la meilleure piste serait d'y mettre des familles. Ce qui apaiserait bien les tensions.
Ne faut-il pas miser sur des centres plus petits, comme celui de Vevey?
C'est une éventualité. Mais le problème, ce ne sont pas cent requérants ensemble, mais les vingt parmi eux qui posent de gros problèmes. Il faudrait un centre d'accueil spécial pour ces requérants difficiles. Ce serait la meilleure solution et l'idéal serait que ce centre soit à l'écart de la population. Si une commune m'en propose un, je discute demain avec elle.
Vous voulez bien dire regrouper ces requérants dans une sorte de camp?
C'est la seule solution. Avec une assignation à territoire, puisqu'on n'a pas forcément le droit de les empêcher de sortir. Mais la législation permet en revanche une telle assignation. Et puis, une surveillance nettement plus forte de ce centre-là serait envisageable. Mais encore une fois, il faut le trouver. Personne ne nous l'a proposé.
Le programme du centre droite insiste, lui, sur l'aide au retour. Que proposez-vous de faire?
On voudrait mieux convaincre ces gens qu'ils doivent partir, et si possible pas entre deux gendarmes. Nous ne sommes pas aidés par les intégristes de l'asile, qui essaient toujours de faire croire aux concernés qu'ils pourront rester. Le meilleur avenir pour ces familles est dans leur pays. Il faut que les esprits se modifient, ce qui permettrait de mieux utiliser l'argent consacré aux mesures de contrainte.
«Il faut plus de fusions de communes»

L. BU.

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