Les frasques xénophobes de Jürg Scherrer font la une de la presse nationale: la photo du chef de la Police biennoise dégustant un minaret en chocolat suscite la colère de Hans Stöckli.
Publiée dans Le Matin mardi, puis reprise hier dans le Blick et le Bieler Tagblatt, la photo a évidemment provoqué moult réactions: si les partisans de Scherrer se sont certainement réjouis de la publicité inespérée faite au tribun d'extrême droite, certains politiciens biennois - de gauche comme de droite - ne cachent pas leur colère face à la nouvelle frasque du conseiller municipal.
Joint par téléphone à Flims, en pleine session parlementaire, le maire Hans Stöckli a accepté de s'exprimer à propos de cette affaire.
- Hans Stöckli, l'affaire Scherrer fait-elle des vagues jusqu'à Flims?
- J'en ai parlé aujourd'hui avec le conseiller national Yvan Perrin (UDC/NE), qui n'a pas caché son malaise. Jürg Scherrer a commis une bêtise totale et inacceptable. Je ne pense pas que la photo publiée sur son site soit le fait du hasard: cette mise en scène était réfléchie et préméditée. Cela prend évidemment une dimension supplémentaire au lendemain des votations du 24 septembre. Symboliquement, le fait de manger un minaret est extrêmement grave, car cela démontre un mépris total face à l'une des religions les plus importantes du monde. En tant que chrétien, cela me perturbe profondément.
- Bien que vous condamniez cette nouvelle provocation de Scherrer, votre position est assez inconfortable, puisqu'il a été élu par le souverain au Conseil municipal...
- Jürg Scherrer a plusieurs casquettes, puisqu'il est directeur de la Sécurité, mais aussi député au Grand Conseil et président du Parti suisse de la Liberté. C'est dans ce cadre-là qu'il s'est exprimé.
- Il y a quelques années, vous lui aviez pourtant demandé de quitter la présidence du PSL.
- Oui. Mais il a affirmé que le parti avait refusé sa démission.
- Vous n'avez donc aucun moyen de le sanctionner?
- Seuls les citoyens biennois peuvent le sanctionner. Pour ma part, je vais m'occuper de cette affaire dès la rentrée des vacances d'automne; dans un premier temps, je vais discuter avec Jürg Scherrer, afin qu'il puisse s'expliquer. Le Conseil municipal débattra de son cas lors de sa prochaine séance. Nous évoquerons notamment la création d'une ordonnance concernant les règles de la collégialité. Mais c'est un domaine délicat car il relève de la sphère privée. Pour pouvoir punir, il faut des règles strictes, dont nous ne disposons pas.
- Impossible donc d'exiger sa démission?
- Politiquement, on peut toujours demander sa démission, mais juridiquement, c'est impossible. J'ignore si une plainte pénale sera déposée à la suite de cette affaire.
- Reste qu'un tel individu ne redore guère le blason biennois...
- L'image de Bienne ne dépend pas des agissements de Scherrer, mais de l'économie, de la culture et du sport! Scherrer est un exotique et les gens connaissent sa valeur.
- Mais il est toujours brillamment réélu. Et des affaires telles que celle-ci lui font une pub d'enfer!
- Je ne suis pas sûr qu'il gagne des électeurs par de telles provocations. Ce qui m'inquiète en revanche, c'est qu'il soit considéré comme un précurseur par l'UDC, qui s'approprie nombre de ses arguments et lui donne ainsi une légitimité certaine. L'UDC - un parti gouvernemental! - a sans doute repris une partie de son électorat. Du coup, Scherrer surenchérit et se montre de plus en plus virulent.
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