vendredi 1 septembre 2006

Ces projets de loi blessent notre Etat de droit

Le quotidien La Côte revient lui-aussi sur l'intervention de Mgr Genoud à La Cure. Un article signé Contessa Piñon

A ceux qui recommandent à l’Église de s’occuper de problèmes d’évangile, Monseigneur Bernard Genoud cite le Nouveau Testament (Matthieu): "Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli". Bernard Genoud recommande aux citoyens de voter deux fois non, le 24 septembre, aux lois fédérales sur les étrangers et sur l’asile.

Et comme l’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg aime les symboles, il a choisi, jeudi, de donner son message depuis le restaurant Franco-Suisse à La Cure, à cheval entre les deux frontières. Ce lieu servait au milieu du siècle dernier de célébration sur le territoire de la paroisse catholique de Nyon. L’homme de foi a rappelé les fondements de toute société basée sur les notions de respect, de justice et de charité dus au prochain, quelle que soit sa nationalité. Le durcissement de ces deux projets blesse notre État de droit dans ce qu’il a de plus essentiel, à savoir sa défense intégrale des personnes résidant sur son territoire et qui sont vulnérables.

"Il s’agit de la 9e révision. On va continuer pendant combien de temps encore?, s’interroge-t-il. Je refuse cet engrenage, ce processus de repli et d’égoïsme au relent nationaliste". Bernard Genoud dénonce l’arbitraire d’une loi qui n’accorde plus l’asile à des requérants sans papiers. "Je connais quelqu’un qui a travaillé chez nous au Diocèse. Il a fui son pays et n’avait emporté que ses lunettes". L’évêque s’inquiète du placement en centre d’accueil de sans-papiers, ayant pour effet de favoriser la clandestinité. Il critique l’exclusion de l’aide sociale des requérants déboutés et s’insurge contre la possibilité de jeter en prison des adolescents de 15 ans pour insoumission et non collaboration au retour. L’évêque prône, par contre, pour une aide au développement dans les pays de provenance des réfugiés. Des conventions avec ces mêmes pays obligeant ces derniers à accueillir leurs réfugiés dans la dignité constituent également une réponse adéquate.

Et même si les récents sondages donnent vainqueurs le oui, il est du devoir de Bernard Genoud de se battre. "Je ne suis pas tout seul responsable du monde, mais au moins je peux me regarder dans la glace. Il y a bien des échecs qui ont porté des fruits plus tard..."

«Nos parents avaient l’excuse de l’ignorance»

"Des exemples dans l’histoire même de notre pays nous rappellent aujourd’hui que des dérapages sont possibles", souligne l’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg. "Durant la Deuxième Guerre mondiale, certains catholiques ou évêques de notre pays n’avaient pas fait tout leur possible pour accueillir les réfugiés des systèmes totalitaires d’alors. Quand je pense à nos parents, confie Monseigneur Bernard Genoud, je pense qu’ils avaient l’excuse de l’ignorance. Les générations futures auront-elles les mêmes excuses? J’ai une dévotion particulière pour Sainte soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix (1891-1942). Je la prie de protéger le pays qui lui a refusé l’asile. Sainte sœur Thérèse-Bénédicte s’appelait Edith Stein, philosophe juive dont la Suisse a refusé l’asile durant la Seconde Guerre mondiale. Elle a été gazée, par la suite, à Auschwitz."



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