PRISE DE POSITION Mgr Bernard Genoud estime que les citoyens sont responsables puisqu’ils disposent aujourd’hui du choix de dire non. (Georges Meyrat)
Au hameau frontalier de La Cure, l’évêque des diocèses de Lausanne, Genève et Fribourg a milité pour un rejet des lois concernant les étrangers. Monseigneur Bernard Genoud a lancé son plaidoyer pour le 2 x Non aux lois fédérales sur les étrangers et sur l’asile soumis en votations populaires le 24 septembre prochain. Hier, il a invité la presse au hameau au nom approprié de La Cure, dans le restaurant qui présente la singularité de se trouver à la fois sur les territoires Suisse et Français et surtout, d’avoir été un lieu de passage clandestin des réfugiés durant la seconde guerre mondiale.
— Pourquoi vous, homme d’Eglise, intervenez-vous publiquement dans ce débat politique?
— En 2000, les évêques suisses ont demandé pardon pour les erreurs commises durant la seconde guerre mondiale. Ne commettons pas à nouveau de faute. A l’époque, nos parents ou grands-parents avaient l’excuse de l’ignorance. On ne leur avait pas demandé de se prononcer sur l’accueil des Juifs. Aujourd’hui, nous avons le choix de dire non. La décision sera inscrite dans les archives. Alors, je ne suis pas sûr que les générations futures auront la consolation de nous attribuer une circonstance atténuante.
— Au-delà des idéaux humanistes et chrétiens, comment répondre aux problèmes concrets. Dans le cas du viol de la fillette par deux enfants aux Grisons, Christoph Blocher a mis en avant la nationalité des jeunes agresseurs albanais à l’appui de son argumentaire…
— Cette instrumentalisation est malhonnête. Nous avons les mêmes problèmes avec nos propres enfants, certifiés AOC. Rappelez-vous cette agression sexuelle (n.d.l.r.: enfant de onze ans violée par quatre élèves du collège chic de Florimont à Genève en 2002). Les agresseurs n’étaient pas des étrangers. Il faut avoir le courage de reconnaître les problèmes de la jeunesse.
— Comment imaginer une amélioration de la situation ici en Suisse, dont les effets pourraient être mesurés à court terme?
— Il faut cesser la spirale du durcissement. Je ne vois pas en quoi cela résout la problématique. Dans cette révision, l’examen d’un cas en 48 heures ne permet pas une évaluation. Elle met une pression terrible sur le fonctionnaire. Il faut développer certains services dans le sens d’un renforcement de l’accueil sans focaliser sur les centres de réfugiés et les prisons. A l’instar de l’exemple de Zurich, où les réfugiés reçoivent 1000 francs pour effectuer des travaux d’utilité publique, ce qui les rend heureux. Le travail est l’espoir de l’homme.
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