vendredi 18 août 2006

Marketing politique décrypté

«Les chiffres cristallisent le débat et ne le font pas avancer»

Utiliser des chiffres en marketing politique? «Ce phénomène n’est pas spécifique à une formation. Ni en Suisse, ni ailleurs», précise le politologue tessinois Oscar Mazzoleni. Selon lui, l’UDC joue, dans la campagne actuelle, à la fois un rôle d’opposition et de parti gouvernemental. Et cela dans un contexte différent de celui des précédentes votations sur le même thème, puisque la majorité du Parlement et le Conseil fédéral soutiennent les lois soumises au peuple. «Cette ambivalence se retrouve dans l’usage des données officielles, poursuit Oscar Mazzoleni. En les utilisant, l’UDC montre sa volonté d’être crédible, de ne pas être accusée de parti qui s’érige purement et simplement contre les étrangers ou les requérants d’asile. En même temps, la façon de les manier tend à conforter la visée polémique qui est à la base de sa stratégie partisane.» 50%? 75%? 15%? Quel est le bon pourcentage? «Tout dépend de ce que l’on regarde. Répondre à cette question, c’est déjà choisir un camp», affirme Oscar Mazzoleni.
Seulement voilà: chaque partie se prétendant garante de l’objectivité, la guerre guette… Et au final, le débat n’avance pas.
«Au contraire, cela le cristallise, s’exclame le politologue. Les chiffres habillent d’une espèce d’image scientifique les arguments idéologiques qui prévalent actuellement. Cette sorte de guerre ajoute encore à la confusion, et n’aide pas les indécis à se faire une opinion.» C. Z.

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