Sous le titre «Les néonazis ne me font pas peur», lire l'interview complète dans Le Matin.
Markus Rauh vient de remettre son mandat de président de Swisscom et il s'engage à fond contre la nouvelle loi sur l'asile. L'entrepreneur saint-gallois, 67 ans, homme simple et généreux, s'est vu offrir une tribune de choix, celle du discours du 1er Août au Grütli. Il s'explique sur ses valeurs, Blocher et la Suisse.
Markus Rauh vient de remettre son mandat de président de Swisscom et il s'engage à fond contre la nouvelle loi sur l'asile. L'entrepreneur saint-gallois, 67 ans, homme simple et généreux, s'est vu offrir une tribune de choix, celle du discours du 1er Août au Grütli. Il s'explique sur ses valeurs, Blocher et la Suisse.
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Extrait:
Comprenez-vous que les gens moins aisés ne vous suivent pas dans votre combat contre le durcissement de la loi sur l'asile et sur les étrangers soumis au vote le 24 septembre prochain?
Tout d'abord, j'ai les pieds sur terre et j'ai toujours gardé le contact avec les classes plus défavorisées. Je suis par exemple engagé auprès de la soupe des rues à Saint-Gall et j'ai créé une fondation, «Chance», pour soutenir les jeunes gens en rupture avec la société. Pour ce qui est du problème de l'asile, je ne nie pas qu'il y a des abus. Mais leur ampleur est complètement exagérée.
Comment?
Les requérants qui posent problème, les NEM, soit ceux qui ont reçu une décision de non entrée en matière et qui devraient quitter la Suisse, sont au nombre de 2000. Leur présence coûte deux francs par habitant et par année aux Suisses. Une somme ridicule!
S'il y a abus, ne faut-il pas quand même serrer la vis?
La nouvelle loi sur l'asile ne résoudra pas le problème de ce petit nombre de requérants déboutés qui restent en Suisse. Nous allons dépenser encore plus d'argent à les mettre en prison en attendant leur expulsion. La solution serait de conclure des accords de réadmission avec les pays africains qui posent principalement problème. Mais Christoph Blocher ne s'en occupe pas. Il préfère mener une politique populiste et clairement électoraliste.
Vous attaquez frontalement le conseiller fédéral UDC, qui vous a contredit quand vous étiez encore président de Swisscom. Êtes-vous en train de régler vos comptes?
Mon engagement contre les nouvelles lois sur l'asile et les étrangers qui contreviennent à nos principes humanistes, à notre Constitution et au droit international n'a rien à voir avec M. Blocher que je ne connais pas personnellement et encore moins avec le changement de stratégie imposé à Swisscom. Comme je l'ai écrit dans une lettre de lecteur au début de cette année, j'ai été choqué par l'expulsion de nuit d'une mère kosovare et de ses enfants dans les Grisons et la honte que j'ai éprouvée pour la Suisse m'a décidé à réagir.
Le «comité bourgeois» que vous avez créé avec le libéral vaudois Claude Ruey pour combattre la loi sur l'asile compte plus de 160 personnalités. Comment expliquez-vous qu'il a été plus facile de recruter des politiciens et quelques patrons en Suisse romande qu'en Suisse alémanique?
Les Romands sont davantage ouverts et prêts à prendre des risques. Une autre explication vient du fait que la discipline de parti semble plus forte chez les élus bourgeois alémaniques.
Combien avez-vous investi dans la campagne de ce comité de droite?
J'ai mis environ 100 000 francs de ma poche. Il faut aussi savoir parler avec le porte-monnaie!
Vous avez attendu d'être à la retraite pour vous engager politiquement et peu de patrons vous ont rejoint. L'économie ne se mobilise-t-elle que pour défendre ses intérêts mais pas des principes?
Il est clair que la crainte de froisser ses clients existe chez les entrepreneurs que j'ai tenté de convaincre. Mais il y a aussi le bête facteur du peu de temps qu'ils ont à disposition.
Vous avez toujours voté radical. Allez-vous changer de parti, maintenant que vos amis politiques ont majoritairement décidé de soutenir le durcissement de la loi sur l'asile?
J'espère qu'ils vont revenir à la raison et se souvenir qu'il y a trois ans, ils étaient contre l'initiative sur l'asile de l'UDC qui était pourtant moins dure que la loi qui nous est soumise au vote le 24 septembre.
Interview réalisée par LUDOVIC ROCCHI
29 juillet 2006
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