"Ces filous qui plombent l'asile" (Le Matin Dimanche, 1er 07 06); "Bex. Il faudra peut-être
un mort" (Le Matin, 28 06 06). Comment réagir à une telle titraille?
Devons-nous écrire "Ces journaleux qui magouillent l'info"?
Michel Danthe signe l'éditorial du Matin Dimanche du 2 juillet 2006 ("ces filous qui plombent l'asile"). Il se défend de pratiquer l'amalgame. Le raciste prudent a un ami arabe, ou juif, ou noir, et Michel Danthe a l'amalgame plutôt sournois.
Le trafic de drogue est un fléau qui doit être combattu. Faut-il le rappeler? S’il se limite aux requérants d'asile africains ce combat sera perdu. Au bas des filières, ils n’en constituent qu’un petit maillon.
Et puis, les responsables de l'asile, et Christoph Blocher le premier, le savent tous: seule une infime minorité des requérants d'asile se livrent à ce trafic.
Faut-il le rappeler? Un délinquant est l'auteur d'un délit. Il n'est pas le porte-parole d'une ethnie ou d'une couleur. L’Etat de droit juge sur les actes et non sur l'identité, et cela le distingue d'un Etat raciste ou fasciste.
Une presse responsable doit informer et contribuer à briser les chaînes de fausses
assertions telles que: trafiquant = requérant d'asile = Noir!
Mais Michel Danthe expose clairement son propos qui est d'appeler à aprouver le 24
septembre les deux lois sur les étrangers et sur l'asile. Ce même 2 juillet, intervenant dans l'émission Forum de la RSR, Peter Rothenbühler, affirme que ces lois sont nécessaires pour lutter contre des événements comme ceux de Bex puis justifie la
couverture que son journal a assurée de ces événements.
Et qu'avait dit le Matin? Le 28 juin 2006, par exemple, il titrait "Bex. Il faudra peut-être un mort" puis développait: "Un policier nous a conseillé d'engager des Securitas pour nous protéger. Car les Africains allaient nous faire la guerre!"
Le journalisme ne suppose-t-il pas la vérification des informations? Cette démarche ne demande-t-elle pas une investigation auprès de tous les protagonistes? Le Matin a-t-il vérifié auprès de la Municipalité de Bex, de la police, la vraisemblance d'une allégation aussi choquante? Et s'il l'a fait pourquoi n'en avoir rien dit?
Le Matin mène campagne. Peut-il pour autant ignorer sa mission d'information?
Autre exemple de ce traitement pour le moins étrange de l’information. Michel Danthe et Peter Rothenbühler appellent, avec la loi sur l'asile, à approuver la Loi sur les étrangers le 24 septembre. Or cette dernière n'a aucun rapport, ni avec le sujet de Bex ni avec la question de l’asile, qu’ont traités les journaux dont ils sont responsables.
La Loi sur les étrangers vise un habitant de ce pays sur cinq et nous concerne toutes et tous! Son application entrainerait des discriminations graves dans les domaines, par exemple, du regroupement familial et du droit de la famille.
Plutôt que de jouer sur la peur pour solliciter l’adhésion de ses lecteurs à sa position, le Matin ne ferait-il pas mieux d’expliquer à ses lecteurs que cette loi permettra de trier les êtres humains selon leur origine?
Karl Grünberg
Secrétaire général
ACOR SOS Racisme
3 juillet 2006
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