Et sous la même rubrique, les réflexions cette fois de la pasteure Hélène Küng
Un été rayonnant, des nouvelles accablantes. Jours splendides, soirées lumineuses. Et pendant ce temps l’électricité et l’eau sont coupées, des routes et des maisons sont défoncées, des gens sont tués par familles entières, des soldats enlevés, des prisonniers torturés… Encore un été rayonnant comme un imbécile alors que la guerre endeuille des ciels bleus. Il y a onze ans, en plein juillet, on apprenait, hébétés, la chute de Srebrenica, les chars chargeant les civils, les familles traquées, les morts et encore les morts – et dans les hautes sphères de l’opinion internationale, la prudente comptabilité des mots diplomatiques: condamnera, condamnera pas?Eté triomphant, actualité accablante. Encore des chars chargeant des civils. Autres temps, autres lieux, autre guerre, autre absurdité. Mais une commune imbécillité au pouvoir: l’idée qu’en étant encore plus violent que l’autre on résoudra les problèmes, qu’il n’y a pas d’autre choix. Elles ont vu juste, ces femmes qui clamaient dans les rues lors d’une autre guerre encore: «Un an de négociations vaut mieux qu’un jour de guerre».Ça sert à quoi de voir juste? A rien. Les yeux pour voir, les yeux pour pleurer. L’engrenage se déroule sous nos yeux crétinisés d’impuissance.Déni de droit, occupation, coupe réglée dans les possibilités de vie d’une population. La violence comme moyen de conquête et de gouvernement (oliviers arrachés, champs confisqués à leurs propriétaires, chicanes incessantes sur les routes, paralysie de l’agriculture, de l’industrie, de l’économie, rafles de prisonniers, attaques de quartiers civils…) et en face, des frappes ponctuelles et meurtrières, des actes désespérés, une violence comme moyen de résistance et d’existence.Les yeux pour pleurer. Impossible de ne pas voir l’idiote logique du tout: la violence quotidienne et systématique envers une population est manifestement le moyen le plus efficace, ces cinq ans l’ont montré, pour encourager – et non pour combattre – les actes terroristes! Si le droit est nié, si une proportionnalité des moyens n’est pas respectée, si des résolutions internationales restent lettre morte, si le pouvoir effectif est à celui qui utilise sa force militaire, si les moyens de vie normaux (agriculture, commerce…) sont coupés: comment s’étonner que des désespérés se tournent vers le terrorisme comme seule alternative?Dans les polars du dimanche soir, on crie «Non», le héros, le flic de choc se trompe, mais rassurez-vous, ça finira bien, son intuition le guidera, la justice triomphera et la violence montrera son vrai visage bête et inutile. Avec l’actualité ça ne marche décidément pas. On crie «Non» et les tanks chargent, les roquettes explosent, les immeubles s’effondrent, les hôpitaux s’emplissent de civils en sang… Ça ne finit pas bien du tout. Pourtant là aussi, le scénario est clair, non?A ceux qui me disent: «Il faut accepter, Dieu a donné cette terre à Israël, tous les moyens sont bons pour la garder», je demande: «Ce Dieu n’a-t-il pas parlé de justice? ». Ils me regardent comme si je parlais chinois. C’est tellement facile de ne prendre dans la Bible que ce qui nous arrange, n’est-ce pas. J’aime mieux fermer la Bible, si elle est si aveuglante, et ouvrir les yeux. Les yeux pour pleurer, les yeux pour voir. Je vais m’obliger à regarder la suite du feuilleton. C’est arrivé près de chez nous. C’est notre histoire. «Encore un été rayonnant comme un imbécile alors que la guerre endeuille des ciels bleus»
L’INVITÉE HÉLÈNE KÜNG
■ Pasteure
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire