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L'article d'Erik Reumann relève de quelle manière l'ODM (qui traite les demandes d'asile) s'est moquée du canton de Fribourg en "inventant" les résultats d'un rapport qui n'avait même pas été demandé pour justifier la migration forcée d'une centaine de fonctionaires fribourgeois vers Berne..
Le mémorandum daté du 7septembre 2005 est dûment estampillé «confidentiel» (voir fac-similé ci-dessous). Signé par Eduard Gnesa, directeur de l'Office fédéral des migrations (OdM) et par son chef de la logistique, Hans-Ulrich Kuchen, il est adressé au conseiller fédéral Christoph Blocher. Ce document de deux pages révèle toute la duplicité qui a prévalu dans l'affaire de la fermeture de la filiale de Givisiez de l'ODM.
Récapitulons. Le 24 août 2005, le Conseil d'Etat fribourgeois est informé par courrier de la décision de fermeture. Le lendemain, c'est le personnel à Givisiez qui reçoit un courrier semblable. La soixantaine d'employés du centre de traitement des demandes d'asile - il en a compté jusqu'à 140 - seront rapatriés à la centrale de Berne-Wabern de l'ODM d'ici à la fin de 2006. «Nous avons pris cette décision après analyse de l'Office fédéral des bâtiments et logistiques», déclare à l'époque Brigitte Hauser, cheffe de l'information de l'ODM. «A la suite de la fusion des divisions intervenue au début de l'année (ndlr: 2005) et de suppressions de postes, de la place s'est libérée dans les trois bâtiments de Wabern qui nous appartiennent», explique-t-elle pour justifier la décision. Le chiffre de plus d'un million de francs d'économies est avancé.
La pauvreté des motifs
Le sang du Gouvernement fribourgeois ne fait qu'un tour. Le 30 août 2005, il envoie un courrier à Christoph Blocher pour s'indigner de l'absence de formes et de la pauvreté des motifs. Il demande une rencontre avec le chef du DFJP afin de pouvoir en discuter plus en détail.
Branle-bas de combat chez Christoph Blocher. Afin de préparer l'entretien, il demande au directeur de l'OdM, Eduard Gnesa, de lui soumettre toutes les données pour étayer la thèse des économies. Le 7 septembre, ce dernier signe le mémo dont nous avons copie. Dans celui-ci, l'ODM avoue qu'il ne dispose pas encore des indications détaillées. «Je suis actuellement en négociation avec l'Office fédéral des constructions et de la logistique (OFCL) pour obtenir les conditions de location et de propriété des bâtiments du Quellenweg à Berne-Wabern et de Givisiez», écrit Hans-Ulrich Kuchen pour son chef. «L'OFCL nous assure qu'il pourra nous faire parvenir les indications détaillées jusqu'au 22 septembre 2005», poursuit-il.
Un rendez-vous retardé
Autrement dit, et contrairement à ses déclarations, l'ODM n'a pas de chiffres solides pour justifier la décision. Gnesa est même obligé de demander à son ministre qu'il ne rencontre pas le Gouvernement fribourgeois avant le 24 septembre, afin d'avoir le temps de réunir l'indispensable argumentaire. Mais il maintient le cap. «Sur la base des données disponibles à ce jour, je reste convaincu que la décision de fermer la filiale de Givisiez est correcte, pour une évaluation difficile, il faudra cependant attendre les informations de détail», lit-on dans le mémo.
Détail amusant: lorsque les conseillers nationaux Hugo Fasel et Christian Levrat tentent d'en savoir plus sur les économies escomptées à l'heure des questions du 26 septembre 2005, soit quatre jours après la date limite du mémo, ils font chou blanc. Christoph Blocher refuse de donner le prix de la location payée à Wabern et se contente de récapituler les économies escomptées: 233 000 francs dans les loyers, 694 000 francs dans la logistique, soit près du million évoqué en août. Le public n'en saura pas plus.
La rencontre entre Blocher et le Gouvernement fribourgeois a finalement lieu en octobre. Mais en janvier 2006, le Conseil fédéral maintient la décision en dépit d'une série de contre-propositions fribourgeoises. Dans la foulée, le conseiller d'Etat Claude Grandjean donne le seul vrai motif pouvant expliquer toute l'affaire: «C'est une centralisation!» I
Le mémorandum confidentiel (voir fac-similé ci-dessous) révèle toute la duplicité qui a prévalu dans l'affaire de la fermeture de la filiale de Givisiez de l'Office fédéral des migrations.
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