«La nouvelle loi sur les étrangers et la révision de celle sur l’asile montrent les effets funestes d’une immigration choisie»
La droite dite du centre s’est volatilisée avec le décès de Jean-Pascal Delamuraz. Chez le grand vieux parti, depuis que l’ancien conseiller fédéral vaudois s’en est allé, plus un radical n’a placé la dignité humaine au coeur de son action politique.
Comment M. Christen résoutil l’impossible équation consistant à parrainer des requérants déboutés tout en adoptant la plus agressive des contre-réformes en matière d’asile et de droit des étrangers? La droite a élu M. Blocher au Conseil fédéral sur un programme politique consistant à exclure les étrangers de Suisse, tout en cautionnant les dérives racistes d’un parti qui fait de la peur de l’autre sa raison d’être.
Comment les cousins français UMP des radicaux envisagentils la politique suisse dans le domaine de l’accueil des étrangers? Dans un discours de juin 2005, M. Nicolas Sarkozy cite la Suisse comme le modèle à suivre, qui a fait du passage «d’une immigration subie à une immigration choisie» un succès. «Il est possible de mieux organiser les flux migratoires, d’autres pays, comme la Suisse, l’ont fait.» Le ministre français de l’Intérieur ne se trompe pas, en Suisse l’immigration choisie s’est institutionnalisée, depuis 1998 en tout cas avec la révision de l’Ordonnance sur la limitation du nombre d’étrangers. Selon ce principe, les étrangers qualifiés (cadres, diplômés universitaires et des Hautes Ecoles principalement) sont privilégiés vis-à-vis des étrangers non qualifiés.
La nouvelle loi sur les étrangers sur laquelle le peuple devrait bientôt voter vient encore renforcer les faveurs accordées aux travailleurs qualifiés dans l’octroi des autorisations de séjour (art. 23 LEtr). Pour le professeur de droit des étrangers Nguyen, cette inégalité de traitement constitue «une discrimination basée sur la situation sociale» prohibée par la Constitution fédérale (art. 8 al. 2).
Les effets pervers de cette révision ne s’arrêtent pas à la violation de notre Charte fondamentale, ils jettent le voile sur une économie souterraine. Dans le canton de Vaud, 20 000 sans-papiers s’activent dans l’ombre et travaillent en finançant nos assurances sociales. Ces sans-papiers n’ont pour la plupart pas le statut de travailleurs qualifiés. Mais comment nier que ces 20 000 immigrés ne correspondent pas à un «besoin économique», explique le professeur Nguyen. L’immigration choisie empêche l’intégration des étrangers. Les étrangers hors Union européenne auxquels s’appliquera la loi sur les étrangers sont les Italiens, Espagnols et Hongrois d’hier. Aujourd’hui, les enfants de ces travailleurs saisonniers venus construire nos routes, bâtir nos immeubles et faire fonctionner notre économie ne pourraient pas faire des apprentissages, suivre des études et s’intégrer si la porte n’avait été ouverte qu’aux travailleurs qualifiés il y a vingt ou trente ans. Qui peut prétendre qu’Italiens et Espagnols ne se sont pas intégrés désormais? Avec la nouvelle loi sur les étrangers, le bailleur qui conclut un contrat avec un sanspapiers,
JEAN TSCHOPP
■ Président Jeunesse Unia
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire