lundi 27 mars 2006

Opinion de Jean Tschopp dans 24heures

«La nouvelle loi sur les étrangers et la révision de celle sur l’asile montrent les effets funestes d’une immigration choisie»
La droite dite du centre s’est volatilisée avec le décès de Jean-Pascal De­lamuraz. Chez le grand vieux parti, depuis que l’ancien con­seiller fédéral vaudois s’en est allé, plus un radical n’a placé la dignité humaine au coeur de son action politique.
Comment M. Christen résout­il l’impossible équation consis­tant à parrainer des requérants déboutés tout en adoptant la plus agressive des contre-réfor­mes en matière d’asile et de droit des étrangers? La droite a élu M. Blocher au Conseil fédé­ral sur un programme politique consistant à exclure les étran­gers de Suisse, tout en caution­nant les dérives racistes d’un parti qui fait de la peur de l’autre sa raison d’être.
Comment les cousins français UMP des radicaux envisagent­ils la politique suisse dans le domaine de l’accueil des étran­gers? Dans un discours de juin 2005, M. Nicolas Sarkozy cite la Suisse comme le modèle à suivre, qui a fait du passage «d’une immigration subie à une immigration choisie» un suc­cès. «Il est possible de mieux organiser les flux migratoires, d’autres pays, comme la Suisse, l’ont fait.» Le ministre français de l’Intérieur ne se trompe pas, en Suisse l’immigration choisie s’est institutionnalisée, depuis 1998 en tout cas avec la révision de l’Ordonnance sur la limita­tion du nombre d’étrangers. Se­lon ce principe, les étrangers qualifiés (cadres, diplômés uni­versitaires et des Hautes Ecoles principalement) sont privilégiés vis-à-vis des étrangers non qua­­lifiés.


La nouvelle loi sur les étrangers sur laquelle le peuple devrait bientôt voter vient en­core renforcer les faveurs accor­dées aux travailleurs qualifiés dans l’octroi des autorisations de séjour (art. 23 LEtr). Pour le professeur de droit des étrangers Nguyen, cette inéga­lité de traitement constitue «une discrimination basée sur la situation sociale» prohibée par la Constitution fédérale (art. 8 al. 2).
Les effets pervers de cette révision ne s’arrêtent pas à la violation de notre Charte fon­damentale, ils jettent le voile sur une économie souterraine. Dans le canton de Vaud, 20 000 sans-papiers s’activent dans l’ombre et travaillent en finan­çant nos assurances sociales. Ces sans-papiers n’ont pour la plupart pas le statut de tra­vailleurs qualifiés. Mais com­ment nier que ces 20 000 immi­grés ne correspondent pas à un «besoin économique», explique le professeur Nguyen. L’immi­gration choisie empêche l’inté­gration des étrangers. Les étrangers hors Union euro­péenne auxquels s’appliquera la loi sur les étrangers sont les Italiens, Espagnols et Hongrois d’hier. Aujourd’hui, les enfants de ces travailleurs saisonniers venus construire nos routes, bâ­tir nos immeubles et faire fonc­tionner notre économie ne pourraient pas faire des appren­tissages, suivre des études et s’intégrer si la porte n’avait été ouverte qu’aux travailleurs qua­lifiés il y a vingt ou trente ans. Qui peut pré­tendre qu’Ita­liens et Espa­gnols ne se sont pas intégrés dé­sormais? Avec la nouvelle loi sur les étrangers, le bailleur qui conclut un contrat avec un sans­papiers,


JEAN TSCHOPP
■ Président Jeunesse Unia

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