mercredi 1 mars 2006

Les sans-papiers s'estiment victimes des marchandages entre Vaud et Berne


Lire l'article de Martine Clerc dans 24heures
Des renvois massifs planeraient sur les clandestins. Selon leurs défenseurs, ils serviraient de monnaie d’échange dans le but de sauver les «523» requérants déboutés, dont le sort sera discuté à Berne.

La résolution de la crise des 523 requérants d’asile se ferait-elle sur le dos des sans-papiers? C’est l’hypo­thèse du Collectif vaudois de soutien aux sans-papiers qui dé­nonce le «pas supplémentaire» franchi par le canton dans sa volonté de renvoyer les clandes­tins. La convocation, il y a deux semaines, d’un Equatorien au Service de la population (SPOP) avec menace de mesures de con­trainte a mis le feu aux poudres.

Durcissement vis-à-vis des sans-papiers
«C’est la première fois qu’un sans-papiers est convoqué in­dividuellement par une lettre faisant explicitement mention de mesures de contrainte s’il refuse de collaborer, explique Jean-Michel Dolivo, du collec­tif. On lui demandait de se rendre au secteur «Départs», muni des passeports de toute sa famille. Maintenant, il peut être arrêté à tout moment.» Pour le collectif, une telle pro­cédure est signe d’un durcisse­ment des autorités vis-à-vis des sans-papiers, alors qu’elles s’apprêtent à régler le sort des 523 requérants déboutés avec la Confédération. «A l’heure où le Conseil d’Etat se prépare à rencontrer Christoph Blo­cher, on peut imaginer qu’il décide de lui donner des gages de bonne volonté en renvoyant les sans-papiers», critique Anne Papilloud, membre du collectif.

«Le canton nous a laissés tomber»

Impliqué dans le dossier de l’asile, le député socialiste Ro­ger Saugy doute du procédé. «Jean-Claude Mermoud a tou­jours été clair dans sa volonté de faire respecter la loi. Ça m’étonnerait que les émissaires du gouvernement donnent déjà des gages de bonne volonté, avant même que la discussion ait commencé.» Depuis son passage dans les locaux du SPOP, Carlos*, clan­destin équatorien, est aux abois. Il fait partie des illégaux qui s’étaient «autodénoncés» pour obtenir une chance de régulari­sation. «Maintenant, la police sait où nous trouver. On a l’im­pression que le canton nous a laissés tomber.» Arrivé d’Equa­teur avec son épouse en 1998, Carlos est père de trois enfants. Comme presque tous les sans­papiers du canton (ils seraient entre 10 000 et 20 000), il est autonome financièrement, aujourd’hui employé dans une entreprise de nettoyage.

La loi, rien que la loi
Le collectif a envoyé une let­tre au Conseil d’Etat. Il réitère son souhait de le rencontrer pour discuter de la question des sans-papiers. Quant au Dé­partement des institutions et relations extérieures, il précise que la pratique n’a pas changé vis-à-vis des sans-papiers, «qui s’exposent à devoir quitter le territoire suisse».
Motivés, les clandestins ne comptent pas en rester là si la série de renvois devait com­mencer. «Vous vous souvenez de l’occupation de l’église Saint­ Bernard à Paris? Eh bien, on fera la même chose!»

Aucun commentaire: