mercredi 1 mars 2006

La Suisse reprendra-t-elle des contingents de réfugiés?

Lire l'article de Vincent Bourquin dans 24heures en ligne
Hier et aujourd’hui se tient à Berne le deuxième symposium sur l’asile.
L’occasion de constater la différence de discours entre le Département des affaires étrangères et celui de Justice et police.

Les ombres de Micheline Calmy-Rey et de Christoph Bloc her planaient hier dans la salle de l'Hôtel de Ville de Berne. Les deux conseillers fédéraux n'étaient pas présents à ce deuxième symposium sur l'asile coorganisé par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR). Mais la socialiste et l'UDC avaient délégué leurs plus proches collaborateurs. Eduard Gnesa, directeur de l'Office fédéral des migrations (ODM), représentait le Département fédéral de justice et police (DFJP) et Urs Ziswiler, chef de la division politique, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

Ce n'est plus un secret: ces deux ministères et leurs chefs ont une vision totalement différente de l'asile. Hier cette opposition s'est exprimée publiquement. Eduard Gnesa a fermement défendu la révision de la loi sur l'asile: «Elle est parfaitement eurocompatible et respecte aussi bien le droit international que la Constitution suisse.» Bien sûr Urs Ziswiler, en fidèle serviteur de l'Etat, n'a pas appelé à refuser cette loi. Mais son discours était sans ambiguïté. Le diplomate a ainsi cité plusieurs prises de position du Gouvernement suisse: «Il ne faut faire aucune pression sur les réfugiés pour qu'ils rentrent chez eux, pour autant qu'ils se comportent bien: cette déclaration du Conseil fédéral date de 1957.» Le haut fonctionnaire du DFAE a toutefois souligné que les choses avaient changé: «Le nombre de réfugiés dans le monde a beaucoup augmenté et la politique d'asile est devenue un thème de campagne électorale depuis les années 1980.»

L'ODM ne veut pas de contingents


Mais surtout, Urs Ziswiler a lancé un appel à la reprise de contingents de réfugiés: «Ce serait un geste de solidarité international et une contribution efficace au problème des réfugiés .»Jusqu'en 1997, la Suisse accueillait environ 500 personnes, par année, reconnues par le HCR: «C'étaient des groupes homogènes qui ne posaient pas de problèmes particuliers», a déclaré l'ambassadeur. Il a encore émis un autre vœu: une augmentation de la contribution de la Suisse à la protection des réfugiés dans leur pays d'origine. Dans les couloirs de l'Hôtel de Ville de Berne, Eduard Gnesa relativisait les divergences entre les deux départements: «Nous avons une très bonne collaboration entre nous et notre sensibilité n'est pas différente.» Toutefois le directeur de l'Office des migrations ne soutient pas une reprise des contingents de réfugiés: «Pour l'instant, c'est prématuré. Mais il n'est pas exclu que le Conseil fédéral reprenne ce programme si nous parvenons à calmer la situation dans le domaine du retour.» Urs Ziswiler a encore rappelé la tradition humanitaire de la Suisse et il s'est contenté d'une question? «Est-ce toujours le cas?» «La tradition humanitaire de la Suisse n'est pas menacée. L'an dernier, 23 000 réfugiés séjournaient en Suisse et autant de personnes étaient admises provisoirement», insiste Eduard Gnesa.

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