lundi 6 mars 2006
Le consul des sans-papiers
Lire l'interview du Consul d’Equateur à Lausanne depuis six mois, Orlando Paredes représente l’autorité légale de son pays pour 5000 sans-papiers, par Aline Andrey . Paru dans 24heures
Créé en 2003, le consulat d’Equateur à Lausanne a symbolisé la mise en lumière des sans-papiers de la région. Sous la pression de l’association des Equatoriens et face à l’importance de cette communauté, Carlos Jurado a ouvert ce bureau pour les cantons de Vaud et Genève. Rappelé au pays le printemps dernier suite à la chute du président Lucio Guttieres, il a été remplacé par Orlando Paredes en septembre 2005. En six mois, il a accueilli environ 700 Equatoriens, pour des conseils ou des procédures administratives. Rencontre, dans son bureau situé audessus du Point d’eau à l’avenue de Morges.
— N’estce pas paradoxal d’avoir créé un consulat pour une population qui, officiellement, n’existe pas?
— L’Equatorien ne perd jamais ses droits, qu’il soit légal ou illégal, quel que soit le pays où il se trouve. C’est le caractère humanitaire de notre travail. Nous devons être où sont nos concitoyens, afin de les accompagner.
— Pour quelles raisons et dans quel état vos compatriotes viennentils vous voir?
— Ils viennent avec beaucoup de préoccupations. La peur se lit sur leur visage. Leur objectif est souvent d’être régularisé. Nous pouvons les informer sur les lois suisses, mais aussi sur les associations, les médecins, ou les avocats qui les soutiennent. En plus, nous nous occupons de l’aspect administratif, des passeports notamment.
— Quelle est votre relation avec les autorités suisses?
— Nous sommes les premiers contacts entre l’Equateur et les autorités de ce pays. Mais aussi l’institution la plus proche de nos concitoyens. Nous ne pouvons pas interférer dans la politique du pays qui nous reçoit, ni manifester dans la rue. Par contre, nous pouvons chercher à ouvrir des portes, à toucher le coeur des autorités et leur expliquer la problématique migratoire afin que les sans-papiers ne soient plus considérés sous l’angle des statistiques ou de l’illégalité. Si elle ne peut être légale, une solution humanitaire doit être trouvée. La régularisation sous certaines conditions en est une.
— Que pensezvous du projet de loi sur les étrangers, qui pourrait déboucher sur un référendum?
— L’intention de ce projet de loi est très dure. C’est paradoxal, car les nombreuses associations de soutien aux migrants dénotent le caractère humanitaire de la Suisse. Par ailleurs, les sans-papiers ne sont ni persécutés ni recherchés par les autorités. Les Equatoriens ont bonne réputation. Ils sont considérés comme de bons travailleurs et de bons citoyens. Et si la Suisse appliquait la loi, elle les expulserait tous. Mais elle sait aussi que ces migrants correspondent aux besoins du pays. L’esprit de la loi est donc de freiner cette immigration mais pas de la stopper complètement.
— Avezvous entendu parler du projet vaudois d’un bureau de soutien à l’aide au retour pour les sanspapiers?
— Non, mais toutes les intentions de collaboration sont les bienvenues. Ce serait fabuleux que nos compatriotes puissent bénéficier d’une formation et d’une aide au retour pour ouvrir un négoce. L’Equateur a aussi besoin de retrouver une partie de la main-d’oeuvre qui a fui le pays.
ALINE ANDREY Pour la première fois, les Equatoriens hors du pays pourraient participer aux élections présidentielles de cet automne s’ils sont assez nombreux à s’inscrire dans les consulats jusqu’au 15 avril.
Ils sont environ 300, jusqu’à présent, à s’être inscrits à Lausanne, 38 000 au niveau mondial.
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