mercredi 5 octobre 2005
Le visage de la haine
deux Néo-nazi interviewés par Daniel Schweizer
C'est ainsi que Raphael Wolf titre son compte rendu de l'avant première du film White Terror dans Le Matin.
Un documentaire percutant dévoile la propagande néonazie. Après «Skin Or Die» et «Skinhead Attitude», Daniel Schweizer continue d'explorer les ramifications du racisme moderne. Effrayant!
Aarau, 1er mai. Défilé de néonazis. 1er Août, plaine du Grütli. La cérémonie est troublée par des extrémistes de droite déchaînés. 17 septembre, Brigue. 400 néonazis manifestent alors que la police reste passive. Ah oui, j'oubliais! Tout ça se passe en 2005.
Autant d'exemples qu'on pourra toujours relativiser en prétextant qu'il ne s'agit que de groupuscules marginaux. N'empêche... La résurgence de l'extrême droite un peu partout dans le monde a de quoi inquiéter. Et la vision de «White Terror» n'est pas vraiment là pour nous rassurer.
Les nouveaux racistes
Réalisé par Daniel Schweizer, déjà auteur des remarqués «Skin Or Die» et «Skinhead Attitude», ce documentaire rigoureux propose une incursion en profondeur dans l'univers et l'idéologie d'un nouveau type de racisme. De la Suisse aux Etats-Unis, en passant par la Suède, l'Allemagne et la Russie, la relève s'organise et le discours haineux se fait de plus en plus virulent. Porte-parole de cette extrême droite parfois parée d'un costume-cravate, le mouvement Blood & Honour diffuse sa propagande immonde aux quatre coins du monde. Et ce à l'aide d'Internet, de vidéoclips style MTV, de concerts et de CD de groupes fascistes.
Le spectateur assiste dès lors au discours brut de fanatiques qui vénèrent comme il se doit Adolf Hitler et en appellent ouvertement à la guerre ouverte contre les étrangers, les Noirs, les Juifs, et tout ce qui ne ressemble pas à un profil caucasien. Le sommet étant atteint avec cette mère de famille américaine qui inculque à ses deux gamines bien blondes que la race blanche est menacée de disparition à cause du fameux melting-pot. Ou l'art de se poser en victime afin de justifier une pensée nauséabonde.
Une sonnette d'alarme
Profitant de la neutralité de son passeport, Daniel Schweizer a pu pénétrer ces groupes avec l'intention ferme de comprendre leur démarche, d'interroger leurs mécanismes et leur logique. En résulte un document d'une rare précision, qui évite la diabolisation au profit d'une vision complexe basée sur des faits. Et si Schweizer se met en scène dans son propre film, on est très loin de l'égocentrisme et des raccourcis schématiques d'un Michael Moore. Le cinéaste n'essaie jamais de piéger. Il est là pour disséquer les fondements d'une nouvelle forme de paranoïa raciste dont la monstruosité n'est que plus frappante lorsqu'elle s'exprime à visage découvert.
Objet pédagogique nécessaire, «White Terror» s'apparente à une sonnette d'alarme qui fait froid dans le dos. On pourra toujours lui reprocher de sonner un peu trop fort. Au moins nous empêche-t-elle de nous endormir sur nos douces certitudes.
Voir la séquence du TJ soir consacrée à la sortie du film
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