C'est ainsi que Raymond Gremaud dans le Journal du Jura intitule son éditorial consacré à l'annonce d'un probable référendum par la gauche et les défenseurs de l'asile:
Le National confirme le durcissement de notre législation sur l'asile voulu par le Conseil des Etats. En témoigne la pluie de mesures de dissuasion qui s'est abattue sur le droit d'asile: exit l'admission humanitaire et l'aide sociale aux requérants déboutés, exclusion d'office de la procédure pour la plupart des requérants dépourvus de papiers d'identité, doublement de la durée maximale de détention dans le cadre des mesures de contrainte, introduction de périmètres d'assignation et d'exclusion, ajout de l'insoumission à la liste des motifs autorisant une détention, fixation d'un délai de trois ans pour le regroupement familial des requérants admis à titre provisoire. La minorité rose-verte estime le droit d'asile largement vidé de sa substance et menace la révision de référendum. A la seule notable exception de la suppression de l'aide d'urgence aux requérants déboutés, la ligne dure a triomphé. Il faut néanmoins inviter à la réflexion ceux qui songent à un référendum. Vrai, on peut s'étonner qu'au moment où les demandes d'asile atteignent leur niveau le plus bas depuis 1987, le Parlement se risque à un tour de vis qui flirte avec les limites du respect de la tradition humanitaire. Mais ce serait oublier que la majorité des élus attribue précisément la diminution des demandes d'asile infondées à la rigueur gouvernementale. Elle apprécie aussi la réduction des coûts qui en découle. Comme les personnes vraiment vulnérables ne semblent pas avoir payé le prix de cette sévérité, la majorité du Parlement a voté l'esprit serein. Dans ces conditions, lancer un référendum peut flatter l'ego de ceux qui sont vissés à de beaux principes. Mais cette perspective préoccupe ceux qui songent aux effets d'une démarche boomerang qui revient à soutenir les requérants comme la corde soutient le pendu. Un tel référendum n'offre-t-il pas une autoroute aux arguments populistes de l'UDC? Qui peut croire que les citoyens qui ont failli provoquer le succès de l'initiative UDC «contre les abus en matière d'asile» en 1992 ne songent pas encore à chasser ce qu'ils considèrent comme des abus? Il paraît pour le moins problématique, pour préserver le sort des requérants, d'en appeler à un peuple qui craint déjà le plombier polonais. L'Eglise protestante l'a bien compris. Elle ne soutient pas le référendum.
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