mardi 26 juillet 2005

L’autre réponse fédérale à la crise vaudoise des "523"

Dispositif spécial pour les départs, volontaires ou pas

L'interview de Micheline Calmy-Rey par Vincent Bourquin et Grégoire Nappey dans 24heures

Un accord sur l’aide au retour vient d’être signé avec l’Organisation internationale des migrations (OIM), spécifiquement sur la Serbie-et-Monténégro, en réponse à la volonté vaudoise de renvoyer là-bas des requérants déboutés. La crise des «523» vous préoccupe donc…

MCR : Ma priorité, c’est la dimension humaine. Face à un requérant débouté présent chez nous depuis des années, qui a également apporté quelque chose à notre pays, nous avons une responsabilité. Nous ne pouvons pas nous désintéresser de ce qui lui arrive une fois rentré dans son pays. J’ai donc demandé à la Direction du développement et de la coopération de mettre en place un programme d’assistance individuelle. Cela vaut pour les départs volontaires — un principe de base de l’aide au retour — mais aussi pour toutes les autres modalités de retour: je tiens à être très claire là-dessus. La DDC a pris contact avec l’OIM, présente sur place, pour créer un guichet unique auquel les gens peuvent s’adresser et où la présence de la Suisse est marquée. Mais cela ne suffit pas: il est important de lier l’aide individuelle et l’aide collective au développement. Faute de quoi, le risque est que les retours s’effectuent sans que les intéressés puissent retrouver un travail, restant livrés à eux-mêmes dans des endroits perdus sans ressources, ni infrastructures. Nous sommes encore en train de chercher le meilleur moyen de coordonner ces aides. Au Kosovo, je rencontrerai à ce propos les différents acteurs sur le terrain.


Mais concrètement, quel est l’objectif?

MCR : Le dispositif doit couvrir le Kosovo, la Serbie-et-Monténégro et la Bosnie: accueil et information, transport jusqu’à la commune d’origine, surveillance de la sécurité des personnes et de leur réinsertion si besoin est, information sur la réintégration dans le dispositif des assurances sociales, orientation sur les projets en cours, et les possibilités de s’y associer, suivi de la situation sociale, etc. J’ajoute que le retour chez elles de personnes au bénéfice d’une expérience de dix ans en Suisse est aussi un apport positif pour ces pays.

Est-ce dire que sans l’affaire des «523», ces dispositions n’auraient pas été prises?
MCR : Le cas particulier vaudois a eu un effet déclencheur. Nous avons mis ce dispositif spécial à l’attention des «523». Mais il ne s’adresse pas qu’aux «Vaudois»; il y a de nombreux autres cas provenant d’autres cantons.


Ne craignez-vous pas d’être accusée par les défenseurs de l’asile dans le canton de Vaud de faire le jeu de Blocher en soutenant les retours?

MCR : Mon rôle n’est pas de porter un jugement sur le canton de Vaud ou sur les procédures de renvoi. J’essaie de faire au mieux mon travail de ministre des Affaires étrangères. Et j’ai conscience que la démarche est politiquement délicate. Globalement, je suis convaincue que les problèmes de ces pays sont aussi les nôtres. Le partenariat bilatéral avec les pays d’origine et de transit est l’un des moyens pour répondre humainement et efficacement aux difficultés des requérants d’asile déboutés.

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