samedi 12 mai 2012

Le shérif sadique de l’Arizona a des ennuis

shérif limite Joe Arpaio promène ses prisonniers dans les rues pour les humilier. Il pourrait bientôt devoir cesser: l’Etat fédéral le poursuit.

C’est une figure célèbre, bien au-delà des frontières américaines. Des équipes de télévision du monde entier sont venues filmer les dures méthodes de Joe Arpaio, shérif du comté de Maricopa (Arizona) depuis vint ans. L’une de ses spécialités est de promener «ses» prisonniers dans les rues en tenue de forçat, parfois les chaînes aux pieds, ou de leur faire porter des caleçons roses pour les humilier.

Derrière ce pathétique folklore, celui qui s’autoproclame à 79 ans «le shérif le plus sévère des Etats-Unis» est accusé de faire arrêter systématiquement des hispaniques au seul motif de leur origine. Sous enquête depuis 2008, ce délit de faciès lui vaut aujourd’hui d’être poursuivi par le Département américain de la justice. Plainte a été déposée jeudi, le département faisant état de «discrimination délibérée et systématiques envers les Hispaniques» pratiquée tant par Joe Arpaio que par ses adjoints, ainsi que d’«abus de pouvoir». Les Hispaniques – 30% de la population dans le comté – sont fréquemment interpellés et arrêtés sans motif, leurs droits constitutionnels violés, relève la plainte. En décembre dernier, la mort d’un prisonnier, un citoyen américain d’origine hispanique, suite à l’utilisation d’un Taser dans des locaux de police par les hommes de Joe Arpaio avait choqué le pays: une vidéo montre clairement que l’arme électrique avait été utilisée sans aucun motif, contre un homme qui se tenait tranquille.

Depuis des mois, Joe Arpaio tente de faire passer ses ennuis pour une «affaire politique»: il se dit victime de l’administration Obama. «Je me battrai jusqu’au bout», a déclaré jeudi celui qui semble avoir fait du président en personne une de ses cibles. En mars dernier, il avait fait ouvrir une enquête au sujet du certificat de naissance de Barack Obama, soupçonnant qu’il soit faux. En avril, il avait refusé que son département se prête à un examen de son fonctionnement.

Le bras de fer engagé dépasse le «cas Arpaio». L’Arizona, Etat frontalier du Mexique, a promulgué une loi autorisant le contrôle au faciès destinée à lutter contre l’immigration clandestine, loi contre laquelle l’Etat fédéral s’est battu en justice, obtenant son abrogation. L’affaire n’est pas terminée: la Cour suprême étudie en ce moment la constitutionnalité de la loi.

Cathy Macherel dans 24 Heures

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