mardi 10 avril 2012

Des Nyonnais dénoncent les dealers sur un blog

A Nyon, les vendeurs de drogue ont changé de zone. La fermeture du centre de requérants d’asile de l’EVAM n’a pas réglé le problème: des habitants réagissent sur internet.

Les voisins de la place des Marronniers, à Nyon, en ont ras-le-bol. Depuis leurs balcons, ils assistent quotidiennement au bal des dealers qui vendent leur marchandise le long de la promenade d’Italie, jusqu’à la place qui surplombe le lac. Le phénomène n’est pas nouveau, mais il s’est accru depuis quelques mois.

Déjà agacés par les incivilités et la saleté que laissent les jeunes qui se réunissent le soir, les voisins s’avouent de plus en plus inquiets: «Mon fils de 7 ans sait qui est dealer et qui ne l’est pas. Il sait aussi dans quels buissons ils cachent leur drogue», déplore un habitant du quartier, qui a lancé un blog pour dénoncer ces activités.

Dénoncer les dealers
«J’ai vu trois adolescents qui ont acheté des drogues illicites à un trafiquant.» «Nous avons un problème très grave dans le parc, et nous devons faire tous les efforts pour lutter contre les trafiquants de drogue.» Lancé il y a six mois par un voisin de la promenade d’Italie, aux premières loges du trafic, un blog invite les riverains à publier leurs commentaires et leurs observations. Des photos – floutées – ont même été mises en ligne, les originaux ont quant à eux été envoyés par la police.

Ce site internet a été créé par un membre du collectif de riverains qui, depuis 2008, se plaint des déprédations qui envahissent quotidiennement le secteur, où se trouvent trois écoles et des places de jeu. Après avoir pesté contre les jeunes qui font la fête à la place des Marronniers, leur action se concentre désormais sur le trafic de drogue.

La démarche de ce riverain ne fait toutefois pas l’unanimité parmi les voisins, et encore moins du côté des autorités. «Ce qui me désole, c’est que ce blog n’encourage pas la police, qui passe des heures à tenter de résoudre ce problème, déclare la municipale Elisabeth Ruey-Ray. Ils ne devraient pas publier de photos, c’est limite sur le plan de la protection des données.»

Obstiné, le créateur de la page n’en démord pas. Contacté par 24 heures, il affirme qu’il n’a pas l’intention de fermer le blog: «Ce trafic doit cesser, et nous continuerons à protester jusqu’à ce que les autorités prennent des mesures.»


Pas de trafic à Begnins
Dans les faits, le nombre de dealers n’a pas réellement augmenté: ils se sont simplement concentrés dans le secteur de la Combe. En cause, la fermeture du centre d’accueil des requérants d’asile de l’EVAM, au quartier des Fontaines, en février dernier, au profit d’un nouveau lieu d’accueil à Begnins.

Nyon est malgré tout restée une plaque tournante du deal dans la région: «Aucun trafic n’a été constaté pour le moment au centre de Begnins ni à Gland, explique Philippe Jaton, porte-parole de la police cantonale. Mais il y a en effet des activités à Nyon.» Le porte-parole rappelle que les migrants doivent quitter les abris PCi qui les accueillent la nuit, «ils sont donc mobiles».

Sentiment d’insécurité
«Nous avons pu constater une recrudescence du trafic dans le secteur de la Combe depuis que le centre EVAM a fermé, confirme James Lacroix, chef de police secours à Nyon. Il en reste encore quelques-uns au quartier des Fontaines, qui fournissent des habitués.» En tout, une vingtaine de migrants d’origine africaine traficotent en ville. «Ils ont tous passé par un centre de migrants et certains d’entre eux n’ont plus de statut», précise James Lacroix.

«Ça laisse un sentiment d’insécurité qui est détestable, peste Roxane Faraut, conseillère communale PLR. Les parents n’osent plus passer par la place des Marronniers pour rejoindre la place de jeu, dans le parc.»

Le problème, c’est que la marge de manœuvre de la police est restreinte. «La justice n’a pas les moyens de les enfermer», souligne la municipale Elisabeth Ruey-Ray. Parfaitement organisés, les dealers se font en effet pincer pour détention de drogue, presque jamais pour trafic. Ils sont donc rapidement relâchés.

«Le seul moyen d’action, c’est de déstabiliser le marché en intervenant de manière répétée», poursuit Elisabeth Ruey-Ray. La police nyonnaise se rend sur place plusieurs fois par jour, fouille les bosquets pour récupérer la marchandise planquée par les dealers. La police cantonale intervient également avec des chiens pour intercepter la marchandise. Elisabeth Ruey-Ray conclut, un peu pessimiste: «De toute façon, si on les chasse de la promenade d’Italie, ils iront dealer ailleurs.»

24 Heures

Aucun commentaire: