dimanche 14 août 2011

Remise en liberté d'une jeune Somalienne en rétention avec son bébé

Une jeune Somalienne placée en rétention à Rennes cette semaine avec son bébé de six mois a retrouvé samedi la liberté par une décision judiciaire, même si elle risque toujours une reconduite à la frontière, a-t-on appris samedi auprès de militants des droits de l'homme, et de la préfecture d'Ille-et-Vilaine.

Saisi par la jeune Somalienne, le juge des libertés et de la détention de Rennes (JLD) a considéré que la rétention n'était pas compatible avec la situation de cette jeune femme, mère d'un enfant de six mois, selon ces sources. "Elle a fait valoir à l'audience qu'elle avait du apporter les couches et le biberon", et le juge a considéré qu'une rétention dans ces conditions était "un traitement dégradant" a expliqué Carole Bohanne, une militante des droits de l'homme rennaise. Le parquet n'a pas fait appel de la décision, permettant ainsi à la jeune femme, arrêtée jeudi à Angers (Maine-et-Loire) de recouvrer immédiatement la liberté.

RESF et le MRAP se sont mobilisés pour la jeune femme, rappelant la situation humanitaire catastrophique en Somalie. "Alors que les appels aux dons se multiplient pour tenter de faire face à la crise alimentaire en Somalie, le gouvernement français n'hésite pas à enfermer une mère et son bébé pour les renvoyer dans un pays ravagé par la guerre civile, alors que sa demande d'asile n'a pas fini d'être examinée", ont déploré les deux associations.

La décision du juge des libertés ne change toutefois rien à la situation sur le fond de la jeune femme, arrivée en France en mai 2010, et qui peut à tout moment être reconduite à la frontière. Déboutée en mai 2011 de sa demande d'asile, elle a fait appel de cette décision, selon l'avocate qui l'a défendue samedi, Me Gaelle Le Strat. Mais l'appel n'est pas suspensif. En effet, sa procédure de demande d'asile a été placée en procédure prioritaire, sans droit au séjour pendant l'examen de la demande, du fait de l'impossibilité de l'identifier par une prise d'empreinte, selon les associations qui la soutiennent.

Cette absence d'empreinte est assimilée à une fraude par l'administration. Mais elle résulte du fait que la jeune femme en Somalie vendait du khat, cette plante euphorisante très consommée dans la région, souligne de son côté Me Le Strat. Les feuilles de khat ont un effet très "abrasif" sur les mains de ceux qui les manipulent, a-t-elle expliqué.

AFP

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