A propos de l’article intitulé «Descente policière, coups, cris et rumeurs, la tension est vive» ( 24 heures du 7 janvier 2011), dans le courrier des lecteurs de 24 Heures.
Nonante jeunes se trouvent dans ce centre, qui attendent le moment de leur renvoi. Dans un abri de protection civile, donc des locaux sans doute corrects, mais imposant un confinement difficilement supportable. Nous tentons d’imaginer près de cent jeunes gens, de toutes origines et cultures, obligés de vivre ensemble dans un souterrain et en attendant une expulsion qui peut avoir lieu dans quelques jours, quelques semaines ou mois, voire des années. Leur tentative de vivre mieux ici a échoué. Leur demande d’asile ne correspond pas aux critères de la loi. Ils sont soumis aux mesures d’urgence: vivre dans un lieu collectif d’attente avec 9 fr. 50 par jour pour se nourrir, assurer l’hygiène et les loisirs. Ils n’ont pas le droit de travailler. Leurs sorties sont réglementées. Le départ redouté tarde parce que la Confédération n’a pas pu traiter avec leur pays, parce que leur pays les ignore et ne veut pas les accepter, parce qu’il faut traiter avec un pays de premier accueil, selon la Convention de Dublin…
On peut comprendre que nombre d’entre eux soient à bout, angoissés, enragés d’avoir échoué dans leur projet. On peut aisément imaginer que ce mélange humain soit explosif et qu’il suffise d’un mot de travers, d’un petit larcin, d’un geste malintentionné pour que bagarre s’ensuive. Cela ne justifie pas les violences ni les coups de couteau. Mais les explique. En fait ces jeunes gens, qui n’ont commis aucun délit, sont moins bien traités que nos détenus pour des raisons pénales. Ils sont sous le coup de décisions administratives et non judiciaires. Ne devrait-on pas les traiter avec plus de dignité et d’humanité? Notre pays n’aurait-il pas, toutes proportions gardées, de petits airs de Guantánamo?
Daniel Corbaz, pasteur, Lausanne
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