Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a accusé lundi le régime de Tripoli d'utiliser la carte des réfugiés comme "instrument de représailles" contre son pays.
Dans un entretien au quotidien "Corriere della Sera", Frattini a fait état de "preuves" attestant que le régime libyen "fait embarquer des réfugiés sur les bateaux contre leur gré". "Beaucoup de ceux qui sont arrivés à Lampedusa disent qu'ils ont été forcés de quitter la Libye sans rien payer", a souligné le ministre italien en appelant à "l'intervention du procureur général du tribunal pénal international car nous sommes devant un crime contre l'humanité".
Le chef de la diplomatie italienne a affirmé, à ce propos, partager la position exprimée par le Président Giorgio Napolitano qui a insisté sur le fait que "la communauté internationale et notamment l'Union européenne ne devaient pas rester indifférentes, face aux crimes qui se répétaient quotidiennement, à travers l'organisation de traversées de nombreuses personnes désespérées depuis les côtes libyennes sur de vieux bateaux, mettant leur vie en danger".
Frattini a, par ailleurs, réaffirmé la détermination de son pays à secourir les migrants en difficulté en mer même s'ils se trouvaient en dehors des eaux territoriales italiennes, en allusion à l'attitude de La Valette concernant le sauvetage des migrants en danger dans les eaux territoriales maltaises. Fin mai, Rome avait dénoncé l'inaction de Malte à propos d'un bateau à la dérive en provenance de Libye qui se trouvait dans ses eaux avec 210 réfugiés à bord. Le ministre italien de l'intérieur, Roberto Maroni, avait saisi alors la commissaire européenne à l'immigration, Cecilia Malmstrom, pour demander que "soient respectés les compétences et le devoir d'intervention de tous les Etats membres dans leur zone d'assistance" maritime.
Au beau fixe avant les événements qui secouent la Libye, les relations entre Rome et Tripoli se sont dégradées après la décision de l'Italie de se joindre à la coalition alliée et de reconnaitre le Conseil national de transition (CNT) libyen comme "interlocuteur légitime". Rome est désormais en première ligne des pays qui réclament le départ du Colonel Kadhafi. Après des vagues successives d'arrivées de migrants en provenance de la Tunisie, les débarquements enregistrés depuis quelques semaines sur les côtes sud de l'Italie concernent principalement des réfugiés originaires d'Afrique sub-saharienne, ayant pris le départ des côtes libyennes. Selon la protection civile italienne, quelque 39.000 migrants dont environ 20.000 migrants tunisiens sont arrivés depuis le début de l'année sur les côtes italiennes.
Trouvé sur Atlasinfo
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