mardi 7 juin 2011

Expulsé il y a un an, Ardi Vrenezi en «situation critique»

ardi expulséL'état de santé de l'adolescent kosovar, polyhandicapé, inquiète les associations qui réclament son retour en France.

A la veille de la journée nationale du handicap, mercredi 8 juin, Réseau éducation sans frontières et l'association des paralysés de France sont revenus sur le cas de Ardi Vrenezi, un jeune kosovar polyhandicapé de 15 ans, expulsé du territoire français le 4 mai 2010.

«Je suis allée au Kosovo pour voir Ardi en décembre dernier, (sept mois après son expulsion), a témoigné Isabelle Kiffer, la médecin pédiatre ayant pris en charge l'adolescent lors de sa venue en France. Sa situation est critique. Il est très affaibli, n'arrive plus à manger dix cuillères à soupe sans tousser, est couché sur le sol sans assistance – sauf celle de sa mère – et convulse trois à quatre fois par jour, ce qui ne lui arrivait plus lorsqu'il était soigné en France.»

Décision politique

La France l'a expulsé avec ses parents, son frère et sa sœur trois ans après son arrivée clandestine sur le territoire. Il était alors pris en charge par l’institut d’éducation motrice (IEM) de Freyming-Merlebach (Moselle) à cause d’une leuco-encéphalite – complication de la rougeole. Une maladie qui provoque une détérioration neurologique aiguë engendrant des troubles épileptiques et une déficience motrice.

Le 3 mai 2010, une brigade de la gendarmerie est venue le prendre dans son lit pour l'emmener. Le lendemain, il était dans l'avion direction la capitale kosovare, Pristina. Sa place à l'IEM lui est toujours réservée jusqu'en août 2012.

 






«Une fois la mesure d'expulsion exécutée, il n'y a plus de raison fondée du côté français pour justifier son retour», explique Christophe Pouly, avocat spécialiste du droit des étrangers. Un retour que RESF et l'APF appellent de leurs vœux et dont ils ont fait un combat rejoint par des personnalités telles que Martine Aubry, Eva Joly ou Stéphane Hessel. «Ce n'est plus le produit d'une décision juridique mais politique», a lancé Richard Moyon, porte-parole de RESF.

Il attend aujourd'hui que la France prenne la mesure d'un geste qu'il qualifie d'«inhumain». Un geste qui montre à quel point les «responsables politiques ont occulté un principe fondamental hérité de la fin de la Seconde Guerre mondiale: le respect de la dignité humaine», se désole Me Pouly.

Les associations attendent toujours une réponse à leurs multiples sollicitations.

Mathias Destal dans Libération

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