Le parti a adopté samedi à l’unanimité (420 voix à 0) un texte prévoyant le retour aux contingents et la renégociation de l’accord de libre circulation.
le 28 mai 2011, 17h18
LeMatin.ch & les agences
Comme en 2007, l’UDC lance une initiative sur les étrangers pour rythmer sa campagne électorale en vue des fédérales d’octobre. Le parti a adopté samedi à l’unanimité (420 voix à 0) un texte prévoyant le retour aux contingents et la renégociation de l’accord de libre circulation.
«Les gens en ont marre de l’immigration sans limite», a lancé Toni Brunner aux délégués de l’UDC réunis à Einsiedeln (SZ). La faute à la libre circulation ainsi qu’aux accords de Schengen et de Dublin qui enlèvent à la Confédération tout contrôle dans ce domaine, a dénoncé le président du parti de droite nationaliste.
Rappelant que le nombre d’immigrants a dépassé de 330’000 celui des émigrants ces quatre dernières années, le Saint-Gallois a attaqué le Conseil fédéral et la ministre de la justice en particulier, incapable selon lui, d’apporter des solutions.
«Madame Sommaruga n’est qu’une séductrice qui n’a jusqu’à présent produit rien d’autre que du vent.» Dopant la croissance démographique, l’immigration contribue à surcharger le trafic routier et les transports publics, ainsi qu’à faire exploser les prix du logement, a dénoncé Toni Brunner. Elle entraînerait aussi une augmentation du besoin en électricité. Les «illusions et rêveries» d’un marché du travail sans frontière seraient en train de s’évaporer, également au sein de l’UE.
Instruments de contrôle
«Notre initiative pour la limitation de l’immigration nous rendra les instruments de contrôle», a promis le conseiller national. Le texte présenté lundi dernier exige la réintroduction de contingents et de plafonds migratoires. Les frontaliers seraient aussi touchés.
Ces limites seraient fixées en fonction des besoins et intérêts économiques de la Suisse. L’initiative réclame aussi des critères stricts pour l’octroi de permis de séjour. Pour être autorisé à s’installer en Suisse, il faudrait prouver l’obtention d’un emploi, sa capacité d’intégration et les moyens de subvenir à soi-même.
L’UDC songe en outre à un système de points attribués, comme au Canada ou en Australie, selon des critères d’intégration. Elle refuse tout droit établi à un séjour durable, au regroupement familial et aux prestations sociales.
En cas de «oui» en votation, la Confédération devrait renégocier voire résilier des accords internationaux dont celui sur la libre circulation des personnes. Et la priorité irait aux Suisses en matière d’embauche.
Veiller à ses intérêts
«La Suisse doit d’abord se préoccuper de ses citoyens», a soutenu Ueli Maurer. Et le conseiller fédéral UDC de mettre en garde: «Si nous ne veillons pas à nos intérêts, personne ne le fera pour nous.» Le Zurichois a accusé Schengen et la libre circulation d’avoir «sournoisement relativisé» l’indépendance de la Confédération.
Christoph Blocher a lui aussi critiqué les accords liant Berne à Bruxelles. «Ce sont des projets mégalomanes par excellence», a estimé le vice-président du parti qui a réclamé leur dénonciation.
La Lucernoise Yvette Estermann, conseillère nationale d’origine slovaque, devenue suisse par mariage, a elle dénoncé la surreprésentation des étrangers parmi les bénéficiaires des oeuvres sociales.
Autres initiatives
L’UDC n’est pas seule à thématiser l’immigration. L’association Ecologie et Population (Ecopop) a lancé une initiative pour limiter la hausse de la population due aux migrations à 0,2% par an. Le texte exige aussi qu’au moins 10% des moyens de la coopération au développement soient affectés à la planification familiale.
Les Démocrates suisses ont également annoncé le lancement d’une initiative réclamant que la Confédération s’efforce d’équilibrer le solde migratoire. Il y a quatre ans, l’UDC avait misé sur l’initiative pour le renvoi des étrangers criminels - adoptée en novembre dernier - afin de donner un coup de fouet à sa campagne électorale.
Le Matin
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