Ce n’est pas un hasard si Nicolas Sarkozy s’apprête à rouvrir les vieilles plaies du débat sur l’identité nationale. En pleines révolutions arabes, le président ne cache pas en privé qu’il redoute un afflux de « millions de réfugiés » en Europe et veut rassurer la frange la plus droitière de son électorat.
Il a donc missionné l’UMP pour lancer début avril une convention sur la laïcité et la place des religions, dont la question centrale sera les prières dans la rue. Le sujet est sensible, mais central pour Sarkozy, inquiet de la progression dans les sondages de Marine Le Pen, créditée de 16 à 18% d’intentions de vote au premier tour de la présidentielle. « Si on ne veut pas que les débats dérapent, il faut les affronter! La laïcité et l’islam, on en parle dans toutes les familles. Les racistes d’hier sont les populistes d’aujourd’hui », a asséné le président mercredi lors d’une réunion avec les députés UMP.
Juppé très prudent
« Il y a de quoi craindre le pire. Surtout s’il s’agit de stigmatiser une seule religion : l’islam », s’inquiète le pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante de France (FPF). « L’erreur, ce serait de ne pas en parler », rétorque le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, qui pointe souvent du doigt « le danger qu’il y aurait à laisser un tel sujet dans les seules mains du Front national ». « Parler des religions, c’est mettre les pieds dans le plat d’un des plus fantastiques non-dits de notre pays », s’est d’ailleurs défendu Copé mercredi, en déplacement dans le Loiret. « Car le problème existe, a-t-il insisté. Le nier, c’est s’exposer, quoi qu’il arrive, un jour ou l’autre, à être renvoyé par la porte de service. »
Pourtant, au sein de la majorité, ce n’est pas l’enthousiasme. Lors du bureau politique de l’UMP cette semaine, plusieurs élus — comme Jean-Claude Gaudin et Claude Goasguen — ont manifesté leur réticence. La veille, lors du petit déjeuner de la majorité à l’Elysée, Alain Juppé lui-même s’était montré très prudent sur ce sujet, qui s’était soldé par un échec et la suppression du ministère symbole de l’Immigration et de l’Identité nationale. Hier, dans un entretien au « Figaro », Juppé a réitéré ses craintes : « Il faut piloter et maîtriser ce débat, parce qu’il peut déraper. »
Olivier Beaumont et Nathalie Schuck dans le Parisien
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