Le collectif Droit de rester s'oppose aux restrictions d'accès au refuge voulues par les autorités ecclésiastiques. Il les accuse de vouloir complaire aux autorités.
Le dialogue est désormais rompu entre les Eglises et les défenseurs des migrants. Le collectif Droit de rester l'a fait savoir hier, annonçant son retrait des discussions sur l'avenir du refuge pour les requérants menacés de renvoi. Il s'oppose à une restriction des conditions d'accès, qui reviendrait à exclure l'une des deux personnes actuellement hébergées dans la paroisse du Saint-Esprit à Lausanne. Le refuge ferme donc ses portes sans qu'aucune solution de repli n'ait pu être convenue.
«Ce fut une décision difficile à prendre. Se couper des Eglises signifie que les occupants du refuge se retrouvent à la rue», déplore Graziella de Coulon. Mais pour le collectif, membre de la Coordination asile, les exigences des Eglises réformée et catholique pour l'ouverture d'un nouveau refuge sont inacceptables.
Ces dernières veulent notamment limiter l'utilisation de l'abri aux requérants pour qui des voies de recours sont encore envisageables. Ce qui, de fait, exclut l'un des deux occupants, Teka, dont la dernière demande de régularisation avait été rejetée en juin dernier. C'est l'exigence de trop pour Droit de rester, qui s'est plié jusqu'ici aux conditions fixées, notamment quant à la durée d'occupation des lieux et à l'interdiction d'y organiser des manifestations de soutien.
Cette position des Eglises, le collectif l'interprète comme une volonté de complaire aux autorités. «Ce qu'on leur reproche, c'est d'obéir aveuglément à l'Etat», dit Graziella de Coulon. Dans son communiqué, Droit de rester accuse ainsi les responsables ecclésiastiques d'avoir demandé la fermeture du refuge, ceci dans le but de répondre aux attentes de Philippe Leuba, conseiller d'Etat en charge de l'asile.
«Un choix douloureux»
Vice-président du Conseil synodal de l'Eglise réformée, Xavier Paillard rejette ces accusations. Il parle d'un «moment d'hésitation»: si les Eglises ont souhaité dans un premier temps fermer l'abri, affirme-t-il, c'est parce qu'elles ignoraient que l'autre occupant, Diallo, avait demandé la réouverture de son dossier auprès de l'Office fédéral des migrations. Elles se seraient ravisées après avoir reconsidéré son cas.
Xavier Paillard estime que les Eglises ont agi dans l'intérêt des personnes, tout en évoquant un choix «extrêmement douloureux». «Il n'y a pas lieu d'accueillir dans des refuges des gens pour qui il n'y a aucun espoir de rouvrir le dossier», continue le pasteur. «Nous ne sommes pas prêts à prendre le risque d'instrumentaliser des situations personnelles pour des causes politiques», ajoute-t-il.
Droit de rester, tout en saluant l'engagement des paroisses qui ont ouvert leurs locaux ces derniers mois, relève pourtant que plusieurs d'entre elles s'étaient dites prêtes à accueillir les deux occupants. Quoi qu'il en soit à présent, l'urgence pour le collectif est de trouver une alternative pour les deux requérants. «Nous ne voulons surtout pas les cacher. Il faut maintenant trouver d'autres partenaires pour apporter un soutien à ces gens», précise Graziella de Coulon.
Arnaud Crevoisier dans le Courrier
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