Les étrangers venus travailler dans notre pays après la guerre atteignent l’âge de la retraite. Un nouveau défi. Ils sont venus en Suisse pour travailler quelques années, mais ne sont pas repartis. Aujourd’hui, quelque 130 000 migrants ont atteint l’âge de la retraite. Une Conférence nationale a permis hier de faire le point sur leur situation. Judith Bucher, porte-parole de Pro Senectute, répond à nos questions.
Pourquoi s’intéresser à ces retraités?
Ils représentent une catégorie particulière. Ils ont exercé des métiers difficiles et présentent un risque accru de maladies et d’invalidités. Comme ils n’étaient pas toujours bien payés, ils ont davantage besoin des prestations complémentaires de l’AVS. Mais en raison de leur méconnaissance du système, ils ne les demandent pas forcément et courent un risque de pauvreté deux fois plus élevé que les Suisses. Enfin, ces personnes ont vécu de nombreuses années dans notre pays, sans y être forcément intégrées: quand elles sont arrivées, il n’y avait pas de politique d’intégration à proprement parler. Mais comme leurs enfants vivent ici, elles restent ou font des va-et-vient avec leur pays d’origine.
Que faut-il faire?
Jusqu’à présent, les structures d’aide à la vieillesse n’ont pas vraiment prévu une ouverture ciblée vers ces personnes. Elles doivent s’adapter à leurs besoins, les informer davantage et le faire dans leur langue. Il s’agit de travailler plus étroitement avec les organisations existantes comme les associations culturelles, les missions catholiques ou encore les syndicats. Cette population est aussi prise en charge par des structures comme les missions catholiques, avec lesquelles les autorités doivent collaborer. Nous avons enfin des jeunes migrants qui travaillent en Suisse: leurs compétences transculturelles peuvent servir de lien. Cette question va gagner en importance, puisque le nombre de migrants atteignant l’âge de la retraite va augmenter ces prochaines années. Nous serons aussi confrontés à de nouvelles populations d’étrangers venant des Balkans ou de Turquie, par exemple.
Pouvez-vous citer des solutions concrètes?
En Suisse alémanique, certains EMS ont créé des départements Méditerranée, où les employés parlent en italien. On y cuisine des plats du Sud, et les salles sont grandes, permettant les visites de familles nombreuses. C’est important car ces migrants n’ont pas toujours appris l’allemand. En Suisse romande, Pro Senectute Genève, la Croix-Rouge et la ville de Genève proposent avec «Seniors d’ici et d’ailleurs» un festival et des rencontres. Dans le canton de Vaud, les «quartiers solidaires» favorisent les rencontres entre jeunes et seniors de différentes cultures.
Caroline Zuercher dans 24 Heures
Bons plans santé pour la population migrante
Le programme baptisé «Mon assiette, mes baskets» innove à la Borde en matière de prévention.
Danser la salsa, apprendre à cuisiner sans trop de graisse, marcher dans les rues de Lausanne: ce sont quelques-unes des activités qui sont proposées dès maintenant à la population étrangère de la Borde. Le quartier lausannois étrenne un projet pilote de promotion de la santé destiné aux migrants. Il s’agit d’une extension du programme de santé cantonal et fédéral, «Ça marche», qui fait déjà bouger les Suisses, trop sédentaires. «Nous savons que la population migrante, groupe vulnérable en matière de santé, n’a pas forcément accès aux activités de prévention proposées. Pour favoriser sa participation, il faut une offre spécifique», ont expliqué hier Jean-Christophe Masson, chef du Service cantonal de la santé publique, et Jean-Christophe Bourquin, directeur de la Sécurité sociale de la ville de Lausanne, lors d’une conférence de presse. Elle s’est déroulée à la Permanence Jeune Borde (Borde 49 bis), qui sera le point de ralliement de toutes les activités.
Lausanne est la première commune à financer un tel programme, d’autres devraient suivre. Son coût est de 50 000 francs par an à raison de 10 000 francs pour Lausanne et de 40 000 francs pour le canton et la Confédération.
Chargé de projet, Douglas Gonzalez, Suisse d’origine vénézuélienne, se réjouit de l’intérêt déjà manifesté. «Ce qui compte, c’est le contact avec les personnes pour les motiver. Se contenter de distribuer de beaux prospectus traduits dans diverses langues ne suffit pas!» affirme Douglas Gonzalez, qui a déjà mis sur pied, en guise de test, des groupes de marche dans le quartier de Vennes.
Intitulé «Mon assiette, mes baskets», le programme, mis en œuvre par les Ligues de la santé, cible l’activité physique, l’alimentation et l’information.
24 Heures
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